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Réalisation : Kervern Gustave et Delépine Benoît - Scénario Gustave Kervern & Benoît Delépine ; Image : Hughes Poulain ; Montage : Stéphane Elmadjian ; Distribution France : Ad Vitam Distribution
Avec :
Michel Houellebecq (Paul), Marius Beltram (le braconnier)
Benoît Delépine et Gustave Kervern ont beaucoup en commun : la génération (1958 et 1962), la formation (HEC et Sup-de-Co), la télévision (notamment Canal+ et Groland). Ils ont écrit et réalisé ensemble tous leurs films : Aaltra*iI* (2004), Avida (2006), Louise Michel (2008), Mammuth (2010), le Grand Soir (2011), où l'on peut souvent les voir apparaître comme acteurs.
Résumé :
Paul s'en va seul dans la montagne mettre fin à sa vie.
Analyse :
La NDE (en français EMI, expérience de mort imminente), c'est l'impression que certaines personnes, ayant été au bord du décès, conservent ensuite d'avoir 'fréquenté l'au-delà'. Ici, le terme sert à désigner le parcours d'un vivant décidé à partir. Paul a une petite vie banale : un boulot, des potes, des apéros, une femme qui fait les courses, des ados qui se chamaillent, on s'aime bien. Mais tout cela n'a plus d'intérêt, plus de sens, pour lui. Il sort faire un tour, et s'en va en vélo et tenue – " une fête des pères" – dans la Sainte-Victoire chercher un rocher d'où sauter. Nous serons seuls avec lui et quelques rares rencontres – des randonneurs, un braconnier, une automobiliste – à partager, cela dure quelques jours, son hébétude impuissante. Le dernier geste n'est pas si simple. Sa chute accidentelle dans un trou lui procure une 'vraie' NDE, pendant laquelle la douce voix d'Endorphine (une hormone qui pourrait être associée à ces sensations) lui explique qu'il est encore attaché à la vie par trop d'amour. De fait, on l'a vu ériger trois cairns à qui il s'adresse affectueusement comme aux membres de sa famille ; on l'a vu prendre délicatement dans ses mains le corps d'un lièvre trouvé dans un collet ; on l'a vu profiter d'un coucher de soleil grandiose... Ce film est d'une grande originalité. Son parti-pris minimaliste peut se lire dans la fréquente mise en premier plan de la moue baveuse et dégoûtée de Houellebecq, et par la photographie terne et tout aussi baveuse des admirables paysages de la Saint-Victoire. Peu bavard, il a le mérite additionnel de ne pas se prendre au sérieux, l'humour de la dérision venant à tout moment tempérer l'excès de signification que l'on pourrait vouloir attacher à telle remarque ou situation – comme l'évocation par Paul du triste métier qui était le sien chez France Télécom... Mais s'il n'est pas donneur de leçon, il est poseur de questions, et vaut d'être vu.
Jacques Vercueil
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