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Réalisation : Helde Marrti - Scénario : Marrti Helde – Dir. Photo : Eric Pollumaa, Jane Laine – Montage : Liis Nimik, Tanel Toomsalu– Décors : Reet Brandt - Musique : Part Uusberg- Distribution : Arpselection
Avec :
Laura Peterson (Erna), Tarmo Song (Heldur), Mirt Preegel (Eliide), Ingrid Isotamm (Hermiine)
Né à Kohila (Estonie) en 1987, Marrti Helde a appris le cinéma à la Baltic Film and Media School et la mise en scène de théâtre à l’Académie d’art dramatique. Après avoir réalisé quelques courts-métrages entre 2008 et 2013, remarqués par la critique, Crosswind est son premier long-métrage, Prix du Jury Œcuménique du Festival de Varsovie 2014.
Résumé :
Le 14 juin 1941, les familles estoniennes sont chassées de leur foyer sur ordre de Staline. 40.000 personnes au total seront déportées des trois pays baltes. Erna, une jeune mère de famille, est envoyée en Sibérie avec sa petite fille, loin de son mari. Durant 15 ans, elle lui écrira pour lui raconter la peur, la faim, la solitude, sans jamais perdre l’espoir de le retrouver. Le réalisateur a exhumé les lettres d’Erna des rares archives existantes sur ce drame humain, en marge de l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Analyse :
Le souvenir des récits du grand-père du réalisateur est à l’origine de ce film, dont le but déclaré est de sortir de l’oubli les événements qui ont traumatisé tout un peuple. L’homme a combattu à l’âge de 19 ans pendant la Deuxième Guerre mondiale, il a perdu une jambe puis a été arrêté par les Russes et déporté en Sibérie. La lecture des lettres d’Erna a été le déclic pour la décision de faire un film, dont la préparation minutieuse a pris un an. A partir de documents, de témoignages de quelques rares rescapés, Marrti Helde a réfléchi à comment représenter l’histoire, à la placer dans son contexte précis : intérieurs, vêtements, physionomie et attitudes des personnages. C’est la voix off d’Erda qui nous accompagne pendant tout le film, une voix simple, sans effets, presque neutre. Voulant « figer le temps, de façon à ce que le spectateur ressente exactement ce qu’elle décrit », le réalisateur a filmé des figurants immobiles, tableaux vivants. La caméra se déplace, au sein de plans-séquence, au milieu des personnages, frappés d’immobilité mais comme « se projetant dans le mouvement qu’ils s’apprêtent à faire ensuite ». L’effet que cela donne sur nous spectateurs est que nous sommes forcés à regarder ce qui est montré, et à écouter l’implacable description donnée par les lettres. Dans un noir-et-blanc impeccable, avec une musique sobre et poignante, le film est un monument de mémoire, hantée par des êtres sans nom, disparus à jamais de la carte des commémorations.
Nous voilà ainsi, avec un exemple où la forme nait de l’idée originelle du film : en l’absence de photos, d’images, de signes tangibles, il fallait faire remonter la mémoire enfouie, lui donner vie ! Erna finalement reviendra au pays, seule. On peut regretter qu’aucune espérance terrestre n‘apparaisse, les âmes du couple se rencontreront un jour à la « croisée de vents », entre l’est et l’ouest (voix off du mari, lettre imaginée par le réalisateur). Mais pour paraphraser Lambert Wilson : Sans la lumière des films, chacun reste dans sa nuit.
Alain Le Goanvic
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