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Réalisation : Costa-Gavras - Scénario, adaptation, dialogues : Costa-Gavras, Grumberg - Images : Patrick Blossier - Montage : Yannick Kergoat - Son : Arvanitis, Desjonqueres, Gauder - Musique : Armand Amar.
Avec :
Ricardo Scamarcio - Juliane Koehler - Ulrich Kutur - Eric Caravaca - Anny Duperey - Duno Mihailidou
Costa-Gavras est d'origine grecque, immigré en 1953 et naturalisé en 1968. Après quelques films de qualité, mais «formatés» selon l'époque il a entrepris de tourner des films «politiques» qui le cataloguent vite comme cinéaste de gauche et homme de coeur : une sorte de Guediguian avant l'heure : Z, l'Aveu, Missing, Etat de siège, autant de monuments d'un militant pour une gauche ouverte et généreuse. L'âge semblant ne pas avoir de prise sur lui, il poursuit avec Eden à l'Ouest, dans la même tradition.
Résumé :
Elias tente l'aventure de l'émigration clandestine, vers les mirages de l'Europe de l'Ouest. Le film retrace ce parcours aventureux, riche en rencontres diverses et en traques policières. Défilent devant nos yeux, des êtres généreux, tout comme de parfaits salauds. Et l'issue reflète sans complaisance l'incertitude de l'avenir.
Analyse :
ELIAS prend contact avec l'Occident, parfaitement « nu et cru» : Promis au sort de clandestins parqués à Lampedusa ou ailleurs il gagne la côte à la nage, pour se débarrasser de son dernier vêtement.. car il a atterri sur la plage naturiste d'un village de vacances ! Et là il apprendra non sans mal, à se comporter comme « un poisson dans l'eau » (mais où les prédateurs ne manquent pas !), lui qui est presque aussi muet qu'une carpe. On appréciera la peinture au vitriol de ce club, son cosmopolitisme, l'abondance et le gaspillage et, tel un jeu pour beaucoup de résidents, la traque aux clandestins qui comme Elias, ont choisi cette liberté. Il n'est de salut qu'à Paris, et voici qu'un prestidigitateur amuseur à bon compte des « gentils membres», l'utilise comme complice avant de lui dire : « si tu vas à Paris du coté du Lido, viens me voir» (cette «générosité » sera sans suite). Mais, entre temps un chemin de croix difficile l'attend à travers l'Europe des autoroutes et parfois des chemins de traverse. A travers la charité de cette jeune femme (qui lui laisse son lit pour dormir sur un fauteuil), ou celle de cette bourgeoise qui lui offre un veston de son défunt mari, non sans en avoir au préalable retiré le ruban de la légion d'honneur ! Mais aussi, «soulagé» des euros salvateurs par un automobiliste indélicat ; puis employé au noir dans une boîte de cauchemars, où une main d'oeuvre au rabais dissèque les téléviseurs au rebut. Il sera même accueilli, sous un orage épouvantable par les enfants de Don Quichotte du coté du canal Saint Martin. Plus que l'épopée d'un émigré qui n'est pas sans évoquer Ulysse, se dessine notre histoire, notre approche des gens : ou compassion ou indifférence, ou hostilité, c'est selon. Le réalisateur nous donne à penser, sans excès de sentiments, dans un monde dont il a volontairement comme «gommé» la nationalité des lieux et des langages (Elias est quasiment muet), pour signifier l'universel.
Jacques Agulhon
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