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Réalisation : Petzold Christian – Scénario : C. Petzold et Harun Farocki, d’après "Le retour des cendres" de Hubert Monteilhet – Photo : Hans Fromm – Montage : Bettina Böhm – Costumes : Anette Guther – Son : Dominik Schleir – Musique : Stefan Will et, pour la chanson Speak low, Kurt Weil– Producteur : Florian von Gustorf – Distribution France : Diaphana Distribution
Avec :
Nina Hoss (Nelly Lenz), Ronald Zehrfeld (Johnny Lenz), Nina Kunzendorf (Lene Winter)
Né à Hilden, dans l’ouest de l’Allemagne, en 1960, Christian Petzold est un réalisateur, diplômé de l’Académie de cinéma et de télévision de Berlin. Il a tourné son premier long métrage en 2000, Contrôle d’identité, avant de réaliser notamment Yella (2007), Jerichow (2009) et Barbara (2012). Nina Hoss est son actrice fétiche.
Résumé :
Nelly, Allemande arrêtée en 1944 pour ses origines juives, revient d’Auschwitz où elle a survécu sous un tas de cadavres après avoir reçu une balle dans la tête. Son amie Lene lui annonce que la fortune de sa famille va lui être restituée. Nelly récupère d’abord physiquement puis se met à rechercher son mari Johnny. Selon Lene, ce dernier l’aurait trahie.
Analyse :
Ce mélodrame, dont la sortie a coïncidé avec le soixante-dixième anniversaire de l’ouverture du camp d’Auschwitz, le 27 janvier 1945, a pour thèmes principaux le retour des camps et la reconstruction d’une identité anéantie. Après l’opération qui n’a pas pu sauver son ancien visage, Nelly s’efforce de renouer avec sa personnalité d’avant. Quand Johnny, qu’elle a fini par retrouver et qui croit sa femme morte, lui propose de reprendre l’identité de cette dernière pour mettre la main sur son héritage, elle saute sur l’occasion de le reconquérir. L’interprétation de Nina Hoss est alors particulièrement subtile puisqu’elle joue à la fois la « vraie » et la « fausse » Nelly. Elle est amenée à simuler un deuxième retour, sur une mise en scène de Johnny. Les images de l’arrivée d’un train de Pologne nous frappent d’autant plus fort que cet épisode ultime de la Shoah a été rarement traité avec autant de précision. Et la phrase prédisant à la rescapée que ceux qui vont l’accueillir « ne lui demanderont rien » est terrible car c’est effectivement ce qui s’est à peu près passé : après la guerre, les rescapés n’ont pas pu raconter ce qu’ils avaient dû subir car on ne voulait pas les entendre. Le scénario, d’après un roman français de 1961, est bien mené et nous tient en haleine avec un face à face pathétique entre Nelly, amoureuse et qui espère toujours que Johnny va la reconnaître et ce dernier, indifférent et aveuglé par le déni du passé et la rapacité. L’amour de Nelly déçu laisse peu à peu la place à sa volonté de connaître la vérité des faits qui ont conduit à son arrestation afin de renaître de ses cendres, tel le phénix. La dernière partie est particulièrement saisissante avec le retour simulé de Nelly, accueillie par d’anciens « amis » dont la joie sonne faux, puis avec cette interprétation très émouvante de Speak low qui clôt le film. L’évocation de l’après-guerre dans Berlin en ruines, rare au cinéma, et le cabaret Phoenix dans le secteur américain ne sont pas sans rappeler La scandaleuse de Berlin de Billy Wilder. La reconstitution des années de l’immédiate après-guerre est soignée et la direction des acteurs de ce film aux multiples facettes, précise et fine. Aux côtés de Nina Hoss, qui joue très physiquement, saluons aussi le jeu subtil et grave de Nina Kunzendorf. Quant à Ronald Zerhfeld, il joue bien son rôle de brute et de lâche.
Françoise Wilkowski-Dehove
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