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Réalisation :Scénario et réalisation : Mike Leigh ; Images : Dick Pope - Musique : Gary Yershon - Son : Nigel Stone & Tim Fraser - Montage : Jim ClarK - Costumes : David Crossman ; Production : Simon Channing-WilliamS ; (Co-producer) Georgina Lowe
Mike Leigh vient de la banlieue ouvrière de Manchester où son père était médecin. Il a étudié art, dessin et cinéma à Londres, où se fera sa carrière. D’abord auteur et metteur en scène au théâtre, il est reconnu comme grand réalisateur de cinéma à partir des années 1990 (cinq propositions aux Oscars) : Léopard d'or à Locarno (Bleak moments,1972), Prix de la mise en scène à Cannes (Naked, 1993), Palme d'or à Cannes (Secrets et mensonges, 1996, et Prix du Jury oecuménique), Lion d'Or à Venise (Vera Drake, 2004).
Résumé :
« Tu ne rendras jamais tout le monde heureux – On peut toujours essayer ! » Poppy, institutrice londonienne et trentenaire exubérante, semble ne vivre que de rires, de blagues et de grimaces qu’elle distribue avec une obstination inaltérée par les mésaventures ou les rebuffades – vélo volé, elle en plaisante ; libraire mutique, elle insiste ; vertèbre déplacée, elle rit sous la torture du masseur ; etc. Et cela marche : elle insuffle joie et bonne humeur dans la vie de chacun. Son seul échec sera le moniteur d’auto-école, autre célibataire, mais ranci, raciste et complexé, qui ne peut supporter ni sa pétulance, ni son non-conformisme, ni... mais en tombe amoureux et jaloux.
Analyse :
On devrait se réjouir de découvrir sur nos écrans une comédie gaie et optimiste, par ces temps plutôt portant à la mélancolie. Mike Leigh, dont les films sur le mal à vivre de gens modestes laminés par la société thatchérienne avaient fait la réputation, a pris ici le parti de nous rasséréner : « Même si le monde va mal, partout, tout le monde essaie de continuer à vivre, de s'en sortir et d'être positif et optimiste. C'est de ça que parle mon film. »
Et pourtant, malgré les adorables tenues qu’elle arbore, il est difficile d’adhérer à l’enthousiasme de clips publicitaires qui agite Poppy. Donner comme image du bonheur des séances de rigolade, c’est un peu court, même si c'est ce qu’on voit à la télévision. Un besoin viscéral d’aller jouer les bonnes fées, comme Amélie Poulain ; une aptitude inentamable à voir en toute chose l’aspect positif, comme Polyanna ; un masque éternellement hilare et grimacier, comme Henri Salvador ; une redoutable vitalité, à la Bette Midler... Sally Hawkins, en assumant tout cela, a gagné l’Ours d’Or à Berlin, mais le Kangourou Rigolard aurait été plus emblématique de cette adepte du trampolino perpétuel.
La philosophie de l’existence que véhiculent ces images délicieusement colorées, c’est qu’il faut être cool, s’accepter tel qu’on est sans se prendre au sérieux, et que cela fera de bons enseignants, des adultes capables de comprendre eux-mêmes et les autres, d’aider les enfants qui souffrent, etc. Après une vie de cinéaste engagé, le refuge que propose donc Mike Leigh devant un monde où les valeurs sociales sont énergiquement pourchassées, c’est d’en rire pour ne pas en pleurer. On peut trouver cette leçon d’optimisme, qui repose avant tout sur de solides muscles zygomatiques, plutôt décourageante...
Annie Geautine
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