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Réalisation :Réalisation et scénario: Manoël de Oliveira d’après l’œuvre de Manuel Luciano da Silva et Silvia Jorge da Silva: Christophe Colomb était portugais. Photographie : Sabine Lancelin - Son : Henri Maikoff - Musique : Jose Luis Borges Coelho - Costumes : Adelaïde Maria Trepa - Montage : Valérie Loiseleux - Production : Filmes do Tejo II ; Les films de l’après
Avec :
Manoel de Oliveira (Manuel Luciano da Silva), Ricardo Trepa (Manuel Luciano jeune), Maria Isabel de Oliveira (Sylvia Jorge da Silva), Leonor Baldaque (Sylvia, années 40 et 60), Luis Miguel Cintra (Narrateur), Laurença Baldaque (L’ange).
Doyen des cinéastes en activité, grand sportif dans sa jeunesse bourgeoise de Porto, Manoël de Oliveira tourne son premier court-métrage en 1931 mais sa carrière ne débute vraiment qu’avec des films exigeants tirés de la littérature et du théâtre portugais qu’il écrira après la chute de Salazar. Val Abraham (1993) le consacre et il tourne ensuite un film par an jusqu’à Belle toujours (2007) - variation autour de Belle de Jour - et son dernier film qui obtient le Prix de la critique indépendante (Venise 2007).
Résumé :
Depuis les années 1940, le médecin et chercheur Manuel Luciano da Silva, sans cesse entre le Portugal et les Etats Unis, a entrepris de découvrir la véritable identité de Christophe Colomb, toujours accompagné de sa femme, l’autre grande passion de sa vie. Il pense pouvoir dévoiler les mystères du célèbre explorateur lorsqu’il aura fait un dernier voyage dans la maison natale de ce dernier, dans une petite ville de l’Alentejo… Cuba !
Analyse :
Voilà bien une mystification de centenaire qui déploie une énigme borgésienne pour glorifier en un fascinant road-movie littéraire l’apport du Portugal à la civilisation, et à l’histoire de l’Europe et du monde, en brodant autour d’une de ces idées simples qu’affectionne l’auteur -la lusitanité de tous les découvreurs de continent et notamment de Christophe Colomb ! Et il est vrai que c’est tellement bien fait que l’on pourrait y croire, porté par l’humour pince sans rire de l’obsessionnel Manuel Luciano, faux hétéronyme de Manoël de Oliveira qui en use comme son compatriote Pessoa. On ne sait ce qu’il faut le plus admirer, de l’amour juvénile et touchant qui circule dans ce couple, du merveilleux talent de ce propagandiste infatigable de la culture portugaise que Manoël/Manuel et sa femme Ysabel/Sylvia personnifient en souriant, de la lumière sublime de soleil couchant et de mer qui baigne le film en estompant volontiers les personnages dans un certain clair obscur, des cadrages raffinés et pertinents que l’on voudrait tous citer et qui culminent dans le quasi dernier plan, tableau à la Matisse à travers une fenêtre, mais cependant du cinéma le plus pur car dans cette carte postale un bateau fellinien passe lentement au loin sur la mer, enfin de la musique d’un autre Borges, avec la lancinante et récurrente "saudade" qui serpente le long du film. Peut on aussi oublier la kieslowskienne jeune fille mystérieuse qui ponctue énigmatiquement l’itinéraire de Manuel au cours d’une oeuvre qui n’est ni réaliste ni surréaliste mais irréaliste ?
Jean-Michel Zucker
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