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Réalisation : Bicek Rok - Rok Bicek, co-scénariste avec Nejc Gazvoda et Janez Lapajne - Image, Fabio Stoll – Montage : Rok Bicek et Janez Lapajne - Distribution France : Paname distribution
Avec :
Igor Samobor (Robert Zupan), Natasa Barbara Gracner (Zdenka la proviseure), Dasa Cupevski (Sabina), Voranc Boh (Luka), Jan Zupancic (Tadej), Dan David Mrevlje Natlacen (Primoz)
Né en 1985, le Slovène Rok Bicek est diplômé de l'université de Ljubljana. Il a étudié le cinéma à l'école PoEtika de Janez Lapajne, son co-scénariste et co-monteur dans ce film. Après plusieurs récompenses pour des films d'études, L'ennemi de la classe est le premier long métrage qu'il réalise.
Résumé :
Intervenant en remplacement d'une collègue en congé de maternité, le nouveau professeur d'allemand, aussi exigeant que dévoué mais rigide et peu pédagogue, se heurte violemment à ses élèves suite au suicide d'une lycéenne de la classe.
Analyse :
Depuis Zéro de conduite (Jean Vigo, France 1933), combien en a-t-on vu, de ces confrontations entre enseignants et élèves ? Pour rester dans l'actualité : Entre les murs (Laurent Cantet, France 2008) ; La journée de la jupe (Jean-Paul Lilienfeld, Belgique 2009) ; Detachment (Tony Kaye, Etats-Unis 2011) ; Monsieur Lazhar (Philippe Falardeau, Québec 2011) ; Les héritiers (Marie-Castille Mention-Schaar, France 2014). Qu'apporte de nouveau cette version-ci ?
On retrouve bien sûr les clichés du genre, la mise en déroute du rapport éducatif traditionnel : respect et discipline sont rangés au rayon des vieux instruments de torture, tandis que les adolescents font des notions de droits et devoirs un usage déconcertant ; les enseignants désemparés, sauf exception, sont pris en tenaille entre des parents d'élèves irresponsables et une hiérarchie frileuse sous son parapluie. C'est l'exception qui fait le film, et ici, Zupan assume sans sourciller ses valeurs surannées. Sa naïveté – cela fait des décennies que tout enseignant sait qu'il ne faut jamais fermer la porte d'une salle où l'on est seul avec l'élève – est celle de l'innocent, dans tous les sens du terme.
Mais l'intérêt est dans l'accent mis sur la formation de la rumeur, sur la coalescence du groupe, choqué et traumatisé, autour d'une idée fausse et contre un bouc émissaire. Les élèves se mentent à eux-mêmes ; pas d'amitié préalable, sauf Mojca, avec Sabina que personne ne connaissait ; l'insulte 'nazi' est utilisée sans fondement pour sa seule valeur stigmatisante ; et l'adhésion au groupe écrase, pour la plupart, toute autre considération. On appréciera aussi les quelques traits de 'slovénité', une société que nous avons rarement l'occasion de côtoyer : les cicatrices des guerres sont toujours brûlantes, l'allemand qu'enseigne Zupan le désigne à la vindicte irréfléchie, et la curieuse phrase de Chang : « Vous autres Slovènes, quand vous ne vous suicidez pas, vous vous entretuez !» évoque, selon le réalisateur, un taux record de suicides, et les massacres de masse perpétrés après la fin de l'occupation allemande.
La réalisation est hésitante : le cabotinage de plusieurs interprètes est gênant, les scènes d'excitation de groupe s'expriment en sages séquences de propos individuels, la modestie des moyens réduit l'établissement à une classe unique... Mais le sujet du film est prenant, la dramaturgie convaincante (malgré les motivations schématiques des personnages), et le réalisateur a eu la sagesse de proposer une fin qui désangoisse sans tourner au douçâtre. Razredni sovraznik a été reconnu et récompensé par de nombreux festivals.
Jacques Vercueil
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