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Réalisation :Un film de Jean-Pierre LLEDO. Documentaire tourné en Algérie avec Aziz Mouats, Katiba Hocine, Hamid Bouhrour, etc …
Jean-Pierre Lledo, de nationalité algérienne, est né à Tlemcen, d’origine judéo-berbère par sa mère, espagnole par son père. Diplômé du VGIK de Moscou, il réalise de nombreux courts-métrages et deux fictions. Menacé par les islamistes, il quitte l’Algérie en 93. Il réalise plusieurs documentaires longs-métrages dont Lisette Vincent une femme algérienne et se consacre à une Trilogie de l’exil qui pose « la question d’un échec d’une Algérie multiethnique et multiculturelle » et commence, en 2003, avec Un rêve algérien, sur le retour en Algérie d’Henri Alleg, l’auteur de La Question. Ensuite Algérie, mes fantômes en 2005 autour de rencontres avec des « pieds-noirs » en France. Ce troisième volet, tourné entièrement en Algérie avec le concours de la Télévision locale met en scène des hommes et des femmes algériens qui sont invités à se souvenir des derniers temps de la colonisation à la veille de l’Indépendance, des douleurs et des regrets.
Résumé :
A Skikda, Lledo engage longuement le dialogue avec Aziz, petit propriétaire terrien devenu agronome qui raconte les bons rapports que sa famille avait avec le colon et les tueries vengeresses qui ont décimé les deux populations. A Constantine, il cherche les traces du chanteur Cheikh Raymond, assassiné et interdit de mémoire pour cause de judéité. A Alger, Katiba (journaliste à la Radio ) revit son enfance à Bab El Oued et se souvient de sa nourrice Angelica. A Oran, un jeune metteur en scène travaillant sur Les Justes de Camus interroge plusieurs anciens qui ont vécu le temps d’une colonisation où se mêlaient arabes et espagnols, une fraternité détruite par les massacres des derniers jours.
Analyse :
Ce voyage de l’Est à l’Ouest dont les images sont belles et certaines inventions filmiques très signifiantes se veut d’abord un témoignage, celui de quelques algériens qui décrivent en toute sincérité tout le bon et le mauvais, le meilleur et le pire de ce qui fut la coexistence des arabes et des « gours » (non musulmans). Il n’a aucune prétention à dire l’Histoire collective et donc prête le flanc à toutes les critiques. Soupçonné de faire la part belle au souvenir de l’époque coloniale, ce documentaire permet en même temps de rétablir un peu l’équilibre entre deux lectures extrêmes de ce que furent les 130 ans d’occupation française. Si les dernières années et particulièrement les derniers jours de cette période aggravèrent les injustices et les violences entre les deux communautés, il était bon pour une fois de rappeler aux spectateurs des deux côtés de la Méditerranée que de multiples liens d’humanité s’étaient tissés et qu’ils ressurgissent aujourd’hui en reconnaissance et en nostalgie. Il ne s’agit pas d’un film « à message » écrit Lledo. Mon souhait est qu’en revenant sur les souffrances, les rapprochements, les connivences et les brassages, il aide les jeunes générations à mieux penser leurs avenirs qui seront forcément métissés.
L’ex-pied noir signataire de ces lignes qui retourne régulièrement au pays et y a des amis rend hommage à cet ambassadeur courageux de la réconciliation.
Jean Domon
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