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Réalisation : Audiard Jacques – Scénario : Jacques Audiard, Thomas Bidegain, Noé Debré - Dir. Photo : Eponine Momenceau – Montage : Juliette Welfling - Son : Daniel Sobrino – Musique : Nicolas Jaar – Distribution : UGC Distribution
Avec :
Antony Jesuthasan (Dheepan), Kalieaswari Srinivasan (Yalini), Claudine Vinasithamby (Illayaal), Vincent Rottiers (Brahim), Marc Zinga (Youssouf) , Tarik Lamli (Mourad)
Né en 1952, fils de Michel Audiard, il a été monteur et scénariste. Son premier film Regarde les hommes tomber (1994), un film noir. Un héros très discret (1996) est le portrait d’un faux résistant ; Sur mes lèvres (2001) une émouvante histoire d’amour entre une sourde et un ancien détenu (Trois Césars en 2002).Le succès grandit avec l’obtention du César du meilleur film en 2005 avec De battre mon cœur s’est arrêté et se confirme avec Un prophète en 2009 (Grand Prix du Jury à Cannes, neuf Césars en 2010). De rouille et d’os (2012) sélectionné à Cannes, sans distinction, récolte trois Césars (meilleure adaptation, meilleur espoir masculin).
Résumé :
Fuyant la guerre civile au Sri Lanka, un ancien soldat, une jeune femme et une petite fille se font passer pour une famille. Réfugiés politiques en France dans une cité sensible, le couple et la fille apprennent à se connaître et à construire un foyer.
Analyse :
Le Jury de Cannes, présidé par les frères Coen, ont apprécié la force et la justesse des caractères (incarnés par des non-professionnels) et certainement le style de film, mêlant des images à la fois poétiques et documentaires (vie de la minorité tamoule) et des scènes de violence meurtrière au sein d’une banlieue de Paris, en proie aux règlements de compte entre dealers. La mise en scène est brillante, avec des moments calmes retraçant le quotidien de chacun (Dheepan gardien d’immeuble, Yalini femme de ménage auprès d’un grabataire, la petite fille écolière assidue), leurs relations entre eux (amour naissant) et avec les autres malgré la barrière de la langue. Puis la situation se dégrade rapidement quand Dheepan se heurte à la bande de truands, qui terrorise le quartier dans des expéditions punitives sur une bande rivale. Habilement le réalisateur exprime le désarroi de Dheepan (images de la guerre civile) et son implication dans les combats de rue, qui lui vaut de se voir menacé ainsi que sa famille d’adoption.
Les réserves que l’on peut faire sur ce film tournent autour du contenu du scénario. Certains critiques ont parlé d’un film « déséquilibré ». Cédant peut-être à l’air du temps, il choisit des réfugiés politiques (d’un pays très loin de nous il est vrai) et construit un film d’action, un polar de banlieue, avec le savoir-faire qu’on lui connaît depuis Un prophète. Nous sommes bien entendu loin d’un film politique, qui prendrait position sur le sort de certains réfugiés en France… La description qu’il donne des quartiers dits sensibles de Paris induit qu’en France, il y a des zones de non-droit : la police n’apparaît jamais pendant ou après les échauffourées, dans cette « jungle » peuplée d’immigrés. Pour servir son propos, il fallait donc montrer Dheepan en justicier, sans peur ni états d’âme (on se souvient de certains films américains, comme Un justicier dans la ville, Taxi driver). Le comble de sa critique insidieuse est atteint avec la dernière séquence (Ouf ! la famille de Dheepan a changé de pays). « J’ai envie de prendre la réalité pour du cinéma » a déclaré Audiard. De quelle « réalité » s’agit-il et de quel « cinéma » ?
Alain Le Goanvic
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