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Réalisation : Zhang Ke Jia - Scénario : Jia Zhang ke – Musique : Yoshihiro Hanno – Photographie : Nelson Yu Lik-way – Montage : Matthieu Laclau – Distribution France : Ad Vitam
Avec :
Tao Zhao (Tao) – Yi Zhang (Zhang ) – Jungdong Liang (Liangzi) – Sylvia Chang (Mia) – Mia Zijang Dong
Jia Zhang ke, né en 1970 à Fenyang dans la province du Shanxi, nord de la Chine. Après une formation en peinture, il se tourne vers le cinéma. Il réalise successivement : Xiao Wu, artisan pickpocket (1997), Platform (2000), Plaisirs inconnus (2002), The world (2005), Still Life (2006) Lion d’Or à Venise, A touch of sin (2013). Il est l'emblème du cinéma indépendant chinois. Témoin des contradictions de la Chine contemporaine, Zhang-ke se révèle le très grand cinéaste de sa génération.
Résumé :
Chine, fin 1999. Tao, une jeune fille de Fenyang, est courtisée par ses deux amis d‘enfance, Zhang et Liangzi. Zhang, propriétaire d’une station-service, se destine à un avenir prometteur tandis que Liangzi travaille dans une mine de charbon. Le cœur de Tao balance entre les deux hommes, elle va devoir faire un choix.
Analyse :
Le début du film nous plonge dans un roman photo sentimental, avec ce triangle amoureux entre jeunes gens partagés entre la modernité (la danse endiablée qui sert de prélude au récit, sur la musique de Go West) et la tradition (ils participent à une fête chinoise avec dragons et chansons locales). Mais très vite se découvre un affrontement violent entre les deux prétendants, Zhang apparaissant décidé à imposer par tous les moyens sa volonté, à Tao et à Liangzi. Il se montre acharné à prendre sa place dans l’avenir de son pays, tourné vers l’enrichissement à tout prix, dans cette Chine nouvelle en mutation industrielle. Sa fatuité le rend aveugle aux désirs des autres. Dans les 3 parties successives du film (1999 – 2015 – 2025) Zhang restera inchangé : arriviste, autoritaire, sans scrupules. Mais autour de lui son entourage se défait. Il est l’incarnation de cette évolution du pays qui s’accompagne de perte d’identité, jusqu’à même perdre l’usage de sa langue, l’anglais devenant le seul outil de communication y compris avec son fils.
Tao au contraire reste attaché à son passé et à la tradition, aussi bien dans son mode de vie que dans sa fidélité aux rituels familiaux liés au deuil. Fidélité également à son ami d’enfance Liangzi lorsqu’il reviendra, malade, à Fenyang.
Le réalisateur sème des « signes » auxquels le spectateur peut donc s’attacher pour apercevoir d’autres enjeux qu’amoureux. Ces jalons prennent une importance symbolique rétrospectivement : les raviolis que Tao partage avec Liangzi, dans la boutique de son père au grand dam de Zhang préfigurent les raviolis qu’elle confectionnera pour son jeune fils revenu pour l’enterrement de son grand-père, avec l’espoir de le réconcilier avec la cuisine traditionnelle chinoise. Et ce seront encore des raviolis qu’elle prépare avec amour lorsque la fin du film peut faire espérer qu’elle va revoir ce fils devenu jeune adulte.
Autre objet symbolique qui devient support de mémoire : les clefs de la maison qu’elle donne à son fils de 7 ans, lui demandant de s’en servir s’il souhaite revenir un jour à la maison. Ces clefs resteront accrochées autour de son cou sans qu’il se souvienne bien de leur fonction.
La musique intervient aussi comme objet de mémoire et passerelle entre passé et présent. Elle servira au fils de Tao, vivant en Australie, à se souvenir qu’il vient d’ailleurs. Et c’est sur cette même musique que Tao se mettra à danser dans cette lande peu accueillante de la fin.
Les paysages sont ceux d’un territoire dévasté par les grands travaux qui saignent la nature.
Mais la langue, le chinois, résiste et devient signe d’appartenance à une société humaine autre que celle sécrétée par l’ « anglais international ».
Maguy Chailley
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