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Réalisation : Kurosawa Kiyoshi – Scénario : Kiyoshi Kurosawa et Takashi Yujita, d’après un roman de Kazumi Yumoto – Photographie : Akiko Ashizawa – Montage : Tsuyoshi Imai – Musique : Yoshihide Otomo, Naoko Eto – Distribution France : Version Originale / Condor
Avec :
Tadanobu Asano (Ysuke), Eri Fukatsu (Mizuki), Masao Komatsu (Mr Shikamage), Masao Komatsu (Tomoko), Akira Emoto (Mr Hoshitani), Kaoru Okunuki (Kaoru)
Né en 1955, Kiyoshi Kurosawa se tourne vers la réalisation au milieu des années 70 avec des parodies de films de gangsters, des productions érotiques, des thrillers fantastiques. C’est Cure réalisé en 1997 qui le promeut comme cinéaste international. Suivront près d’une quinzaine de films dont les plus connus sont Kaïro, Tokyo Sonata, Shokuzai, Real… Vers l’autre rive a obtenu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2015.
Résumé :
?On frotte une lampe, et voici qu’apparaît un génie ? (Kiyoshi Kurosawa). Mizuki s’active à la cuisine, et voici que son mari Yusuke, disparu depuis 3 ans, réapparaît. Il est mort noyé, annonce-t-il à sa femme, et il lui a fallu un long voyage pour revenir à la maison. Mais à peine est-il de retour qu’il entraîne sa femme dans un road-movie à rebours au prétexte de lui faire découvrir les personnes rencontrées durant ces trois ans. Ensemble, Yusuke et Mizuki vont faire halte dans des lieux où vivants et morts se côtoient.
Analyse :
On peut se demander quel est le sens de ce road-movie. Est-ce tout simplement une histoire d’amour traitée sous forme de mélodrame comme tendent à le souligner les passages musicaux dignes des films de Douglas Sirk ?
Alors qu’il se déroule en grande partie dans des intérieurs, exception faite de l’épisode villageois, le film a été tourné en cinémascope. L’utilisation d’un tel format donne lieu à une mise en scène originale qui, tout en étant fortement centrée sur les corps et les visages, les isole rarement des espaces physiques dans lesquels ils s’inscrivent. Au sein de ces espaces, la caméra de Kurosawa se déplace avec fluidité, multiplie les angles de prise de vue, joue avec les changements de lumière, invitant le spectateur à une gymnastique du regard dans l’exploration des rapports entre les différents personnages. La scène de la petite fille morte réapparaissant dans une salle de restaurant et se mettant à jouer du piano sous les yeux de sa sœur adulte et de Mizuki est particulièrement emblématique à cet égard : les plans d’ensemble situant les trois protagonistes dans la profondeur de champ alternent avec une succession de plans rapprochés et de champs/contre-champs, alternance accompagnée de variations d’éclairage.
La forme de « Vers l’autre rive » est déterminée par la mobilité ; mobilité des sentiments entre les humains qu’ils soient vivants ou morts, mobilité de l’amour au sein d’un couple qui est à réparer, à refaire. Avant de disparaître à nouveau, Yusuke dit à Mizuki : « je voulais m’excuser » ; « c’est chose faite » répond celle-ci. Le film s’achève alors avec un plan d’ouverture sur la mer rejoignant dans un ultime mouvement de caméra le ciel… à la manière du poème de Rimbaud : Elle est retrouvée. / Quoi ? – L’Eternité. / C’est la mer allée / Avec le soleil.
Yves Ballanger
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