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Réalisation : Scénario et réalisation : Josué Mendez. Image : Juan Duran. Son : Francisco Adrianzén. Prod. : Chullachaki Producciones (Pérou), MilColores Media (Allemagne). Distr. : Les Films du Safran.
Avec :
Pietro Sibille, Milagros Vidal, Mariseta Puicon, Alheli Castillo, Lili Urbina
Josué Mendez est né en 1976 à Lima (Pérou). Il a fait des études de cinéma et culture latino-américaines à Yale. Il a réalisé trois courts-métrages sélectionnés dans les festivals internationaux parmi les plus importants. Dias de Santiago est son premier long-métrage. Il a reçu plusieurs prix au Festival de Fribourg 2004, dont le Prix du Jury oecuménique.
Résumé :
Jeune homme de vingt trois ans, Santiago revient à la vie civile à Lima après des années de guerre. Encore imprégné et débordé par la violence qu'il a apprise et vécue là-bas, il doit affronter, une fois démobilisé, une autre violence : celle d'un monde sans repères où règne la loi de la jungle et où il n'y a pas de place pour lui. Quelques camarades, eux aussi anciens soldats, cherchent à l'associer à la formation d'un gang. Il refuse, veut s'intégrer à la société, travaille comme taxi, parvient à se faire inscrire dans une formation à l'informatique... Mais le chaos dans lequel il est plongé est sans mesure. Sa (bonne) volonté suffira-t-elle à l'en faire sortir ?
Analyse :
On savait le cinéma sud-américain en pleine explosion créatrice. Ce film en est une nouvelle preuve, petit diamant qui nous vient du Pérou. Mais un diamant noir comme le fond d'un abîme.
Ce que Josué Mendez met en scène, c'est la résistance acharnée d'un homme à une double violence, celle d'une société en pleine décomposition, et la sienne propre. La première ayant engendré la seconde et ne cessant de la ranimer. il y a de l'ange, chez Santiago, dans sa façon de vouloir le bien, de se répéter qu'il faut de l'ordre, des règles, des lois, de refuser d'être celui que l'armée a fait de lui : une bête à tuer, "L'homme fort", comme disent de lui ses anciens camarades. Mais, confronté à des situations extrêmes qui le provoquent, Santiago voit régulièrement la bête resurgir en lui et lui reprendre la main le temps d'un acte irrécupérable.
Baroque, expressionniste dans l'utilisation des décors et des focales, brouillant les temps, tronçonnant des scènes par des ellipses qui en accroissent l'intensité, mélangeant scènes réelles et scènes imaginaires, passant de la couleur au noir et du noir à la couleur, superposant des monologues intérieurs à la scène filmée, la réalisation de Josué Mendez, très subjective, est au service de la vision chaotique que Santiago a de lui-même et du monde dans lequel il vit. Une vision chaotique contre laquelle il se bat jusqu'au désespoir pour la rendre plus normale, plus humaine. Un premier film remarquable.
Jean Lods
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