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Réalisation : Curtis Simon - Scénario : Alexi Kaye-Campbell - Image : Ross Emery - Montage : Peter Lambert - Musique de Martin Phipps & Hans Zimmer - Distribution France : SND
Avec :
Helen Mirren (Maria Altmann), Ryan Reynolds (Randy Schoenberg), Daniel Brühl (Hubertus Czernin), Tatiana Maslany (Maria Altmann jeune), Antje Traue (Adele Bloch-Bauer)
Simon Curtis (Londres, 1960) est un producteur et réalisateur (surtout de télévision) depuis 1991. On a récemment vu de lui en France My Week with Marilyn (2011). Dans La femme au tableau, son épouse Elizabeth McGovern joue le rôle du juge 'comme il en faudrait davantage'.
Résumé :
Maria Altmann, vieille dame réfugiée il y a longtemps aux Etats-Unis, intente un procès à l'Etat autrichien pour récupérer des œuvres d'art que les Nazis avaient volées à sa famille juive.
Analyse :
Le film s'inspire de très près de personnages réels – Maria Altmann et Randol Schoenberg, pour commencer, ainsi que le tableau et son sujet – et d'événements avérés, tels les dispositifs légaux mis en place par plusieurs pays, dont l'Autriche, pour reconnaître la recevabilité de requêtes en restitution autrefois sans espoir.
Convaincus de la sincérité de Maria Altmann, et de l'obligation cinématographique d'un heureux dénouement, nous nous doutons dès le début que la vieille dame et son jeune chevalier servant auront gain de cause ; il ne devrait donc pas y avoir grand suspense. Mais notre intérêt est excité tout au long du récit par la variété des arguments mis en avant par les deux camps, et surtout par notre indignation devant la résistance obstinée des autorités autrichiennes à faire le geste attendu d'elles – quelles que puissent être les considérations juridiques applicables au cas. Cependant il suffit de penser aux nombreux trésors exposés dans les grands musées français, par exemple, et aux conditions dans lesquelles ils furent jadis acquis, pour mieux mesurer les susceptibilités associées à ce genre de revendications a posteriori. L'éloignement dans le temps, les mœurs de l'époque, les circonstances peuvent certes différer : jusqu'où cela affecte-t-il le fonds ?
Les souvenirs se mettent souvent au premier plan dans les analepses (on peut dire flash-back, pour faire chic) qui renvoient Maria à son enfance heureuse, auprès de la belle tante Adèle, et à la douloureuse période où l'antisémitisme déchaîné des Viennois la convainc de fuir en abandonnant ses chers parents. La séquence finale dans laquelle, de retour dans son ancien logis devenu bureaux, elle franchit une porte et traverse le temps, exprime bien cet envahissement du présent par la mémoire que l'évocation du passé peut provoquer.
Chacun soupèsera sur sa propre balance les motivations de Maria à la poursuite de son tableau : est-ce l'affection pour la chère mémoire d'Adèle et à travers elle, de ses père et mère ? Est-ce le besoin de voir punir, même avec retard, une société évidemment complice des monstruosités de l'époque nazie ? Est-ce l'énorme valeur financière de ce chef d'œuvre universellement convoité ? Est-ce la révolte devant un déni de justice, surtout s'il est le fait d'autorités que l'on devrait pouvoir respecter ? Un peu de tout cela, bien sûr, mais c'est le dosage qu'en ressentira le spectateur ou la spectatrice qui influencera son empathie...
Peut-être la réflexion de plus vaste portée que suscite cet agréable film – hommage soit rendu ici à ses remarquables interprètes principaux – résulte-t-elle enfin de notre confrontation à une situation de droit qui, durant presque toute la projection, se révèle insupportable à nos sentiments naïfs de morale et de justice !
Jacques Vercueil
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