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Réalisation : Sedlackova Andréa - Scénario : Andréa Sedlackova - Producteur : Undine Filter - Productrice : Silvia Panakova - Photo: Baset Jan Stritezsky - Montage : Jakub Hejna - Distribution: Dany De Seille - Distribution France : Zylo
Avec :
Judit Bardos (Anna), Anna Geislerova (Irena), Roman Luknar (Bohdan), Eva Josefikova (Martina) Ondrzej Novak (Tomas)
Née à Prague en 1967, d’abord monteuse, Andréa Sedlackova a fait ses études à la Femis et a travaillé comme monteuse, notamment pour Philippe Lioret. Elle a réalisé par ailleurs deux films tchèques et, en 2014, un documentaire sur Vaclav Havel.
Résumé :
Au début des années 1980, une jeune sprinteuse tchécoslovaque est prise en mains par les autorités qui veulent démontrer au monde capitaliste la supériorité des athlètes du bloc socialiste. A son insu on lui injecte de la « stromba », un stéroïde anabolisant, destiné à améliorer ses performances. Sa mère, qui estime avoir commis la grande erreur de sa vie en’ayant pas suivi son mari, le père d’Anna, à l’Ouest, est prête à tout, même au détriment de la santé de sa fille, pour que cette dernière concoure aux JO de Los Angeles en 2004 et puisse émigrer.
Analyse :
Appartenant à la génération qui a souffert de la « normalisation » décrétée peu après l’écrasement du « printemps de Prague » par les chars soviétiques en 1968, Andréa Sedlackova restitue avec talent et sans pathos l’atmosphère délétère qui régnait alors en Tchécoslovaquie, « pays frère » de l’URSS: cynisme et inhumanité des dirigeants du haut en bas de la hiérarchie, menaces, filatures, chantage, et aussi censure, impossibilité de sortir du pays et prison. Revenant sur cette période encore peu dévoilée, elle traite aussi d’un sujet resté largement d’actualité après la chute du Mur, celui du dopage des athlètes et de la tricherie dont sont victimes les vrais sportifs. Dans les années 80, quelques années avant la Pérestroïka, le bloc de l’Est allait très loin dans ce domaine, faisant fi de la santé des individus et minimisant les risques encourus, au nom de l’idéologie. La cinéaste nous montre le système en détail, avec les intimidations des hauts dirigeants sur leurs subordonnés, ces derniers pesant en bout de chaîne sur les entraîneurs, les athlètes et les familles. Les nombreuses séances d’entraînement au 200 mètres, qui ont fait perdre dit-on quelque dix kilos à l’actrice slovaque Judit Bardos, montrent le caractère impitoyable et inhumain de la politique en régime totalitaire. Elles sont filmées de manière classique mais variée, et avec beaucoup d’efficacité. Les principaux personnages sont très bien campés, grâce à un scénario précis, et parfaitement dirigés. La jeune Anna est naïve, amoureuse, honnête et courageuse. C’est la seule qui soit « fair play », selon le titre original. Sa mère, qui est fichée depuis sa jeunesse pour ses idées et son activité rebelle, vit de l’espoir qu’Anna ait une vie meilleure, hors du joug communiste auquel elle s’oppose en tapant clandestinement des manuscrits dissidents. Engluée dans ce système infect, Irena en vient à trahir momentanément sa fille, avant d’être condamnée à la prison pour n’avoir pas dénoncé un « ennemi » du régime. Seul le jeune amant d’Anna tire égoïstement son épingle du jeu en émigrant avec sa famille en Autriche. Ainsi vivaient les Tchécoslovaques à cette époque! Le film n’est pas sans rappeler l’atmosphère angoissante de La vie des autres (2007) qui se passait lui en Allemagne de l’Est.
Françoise Wilkowski-Dehove
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