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Réalisation : Benchetrit Samuel - Scénario : Samuel Benchetrit, Gabor Rassov - Musique originale : Raphaël - Image : Pierre Aïm - Son : Miguel Rejas, Thomas Lascar, Sébastien Wera, Julien Perez - Société de distribution France : Paradis Films
Avec :
Isabelle Huppert (Jeanne Meyer), Gustave Kervern (Sternkowitz), Valeria Bruni-Tedeschi (l’infirmière), Tassadit Mandi (Madame Hamida), Jules Benchetrit (Charly), Michael Pitt (John Mc Kenzie)
Samuel Benchetrit est né 1973 à Champigny-sur-Marne. A quinze ans, il quite l’école et enchaîne les petits boulots. En 2000, sortent son premier roman, Récit d’un branleur et son premier court-métrage Nouvelles de la tour L3. En 2003 il réalise un long métrage Janis et John avec Marie Trintignant. A partir de 2005, il commence à publier Les Chroniques de l'asphalte récit autobiographique dont est tiré le film. Ses autres longs métrages sont : J'ai toujours rêvé d'être un gangster prix du meilleur scénario au Festival du film de Sundance (2008), Le Cœur en dehors (2009), Chez Gino (2011).
Résumé :
Un ascenseur se trouve en panne dans une cité. Cet inconvénient majeur permet trois rencontres surprenantes et improbables mais riches de poésie et de tendresse.
Analyse :
Un adolescent dont la mère est absente toute la journée, la mère dévouée d’un repris de justice, une infirmière de nuit épuisée qui fume une cigarette, devant l’hôpital, pour se redonner du courage, ce n’est pas un inventaire à la Prévert mais les personnages que Benchetrit met en scène pour donner un autre regard sur les cités banlieusardes. On peut y voir aussi Dédé qui bavarde toujours avec son copain devant l’entrée de l’immeuble ou sur son toit. Il rend de multiples services comme ouvrir une porte lorsqu’on a oublié la clef à l’intérieur. Il suffit de crier par la fenêtre pour l’appeler. Non, il n’est pas serrurier, mais il sait faire.
« Trois histoires de chutes » dit Benchetrit de son film, elles sont menées en parallèle, mais trois chutes bien différentes : Fauteuil roulant dû à un excès d’exercice sur un vélo d’appartement pour Sternkowitz, le solitaire aigri du premier étage ; il ne voulait pas donner un sou pour la réparation de l’ascenseur et devait donc en principe renoncer à l’utiliser ; il ne peut désormais sortir qu’en cachette, tard dans la nuit pour ne pas être vu l’utilisant. Descente brutale dans l’échelle des classes sociales pour Jeanne Meyer, comédienne qui déménage dans l’immeuble et n’ouvre pas ses cartons, persuadée qu’elle va retrouver un rôle de jeune première alors qu’elle n’en a plus l’âge. Atterrissage en catastrophe, sur le toit, d’un astronaute américain perdu par la NASA, ne connaissant pas un mot de français et voué impérativement à rester incognito.
Sternkowitz, sur son fauteuil de handicapé, éprouve des difficultés pour se nourrir à une heure du matin alors que les boutiques ont tiré leurs rideaux. Seul le distributeur automatique de chips de l’hôpital voisin peut le dépanner. A sa sortie, il étonne l’infirmière de nuit qui tire sur sa cigarette. Plus que l’étonner, il va vouloir l’éblouir. Ses roueries, sa manière de retomber toujours sur ses pieds (s’il est permis de le dire…) partent d’un bon sentiment naissant qui ne demande qu’à se développer. Valéria Bruni-Tedeschi, dans le rôle de l’infirmière, est d’un naturel touchant dans son malaise et sa naïveté. Le miracle n’est pas loin.
Isabelle Huppert se trouve face à face au jeune Jules Benchetrit et ce duo est une réussite. Son jeu n’est ni maternel, ni camarade, mais Jeanne, son personnage, s’instruit des usages de l’immeuble auprès de Charly, l’écoute, le respecte. De son côté, l’adolescent témoigne son admiration mais fait montre de discernement dans ses encouragements.
Madame Hamida invite d’emblée à entrer chez elle, au dernier étage, ce grand fantôme blanc, de peau et de costume, tombé du ciel et qu’elle a du mal à comprendre. A-t-il faim ou soif ? Madame Hamida ne connaît qu’une attitude vis-à-vis des personnes qui frappent à sa porte : l’hospitalité. Elle est seule, la chambre de son fils, en prison, est vide, il s’y trouve un jean et un précieux maillot de foot de l’OM. Elle ne cache pas sa joie d’une compagnie à ses amies au téléphone, au prix même de sacrifier le secret imposé. Son couscous est le meilleur du quartier, il faudra que John en goûte et même en ramène chez lui.
Dédé et son copain voient atterrir un ovni sur leur toit, et en sortir un personnage tout blanc, casqué et gigantesque ; trois jours plus tard, surgit de l’immeuble et monte devant eux, dans un hélicoptère venu tout exprès dans la cour, le même monstre intersidéral ; ils ne se départissent pas de leur calme, ici tout peut arriver.
L’humour est omniprésent dans le traitement de ce sujet tiré des Chroniques de l’asphalte, un recueil de nouvelles écrites par le réalisateur en 2005. Tendre et délicat ce film fait sortir chacun de ses personnages de la grisaille grâce à la rencontre d’un autre, très différent, à découvrir.
Nicole Vercueil
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