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Réalisation : Ayouch Nabil - Scénario : Nabil Ayouch – Photographie : Virginie Surdej – Montage : Damien Keyeux – Son : Nassim El Mounabbih - Musique : Mike Kourtzer - Production : Les films du Nouveau Monde – Distribution France : Pyramide Distribution
Avec :
Loubna Abidar – Asmaa Lazrak – Halima Karaouane – Sarah Elmhamdi Elalaoui – Abdellah Didane
Nabil Ayouch, réalisateur franco-marocain, est né en 1969. En 1997 son premier long-métrage Mektoub fait plus de 350000 entrées au Maroc. En 2000 Ali Zaoua, prince de la rue est également un grand succès. A partir de 2000 il fonde différentes structures destinées à soutenir les jeunes auteurs des pays du Sud de la Méditerranée. En 2008 il réalise Whatever Lola wants puis en 2012 Les chevaux de Dieu ainsi qu’un documentaire My land.
Résumé :
Marrakech, aujourd'hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d'amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant.
Analyse :
Prévenons tout de suite les spectateurs sensibles: le film comporte de nombreuses scènes de sexe, très crues qui peuvent en choquer plus d’un d’où, sans doute, son interdiction aux moins de 12 ans. Mais le propos du film est justement de montrer combien le sort fait à ces femmes est choquant. On pourrait croire au début qu’elles s’adonnent à ce métier avec dynamisme et détachement : témoin cette scène où, en voiture, elles évoquent avec force plaisanteries et ironie leurs clients et leurs habitudes, l’essentiel étant l’argent que cela leur rapporte.
Mais bien vite on réalise que cette excitation enjouée est une manière de surmonter les résistances qu’elles pourraient éprouver, car elles doivent tout accepter, ou presque.
Nabil Ayouch va jouer sur les contrastes pour mettre en évidence à quel point ces femmes sont autres que ce qu’elles apparaissent dans leurs nuits de travail. Contraste entre les tenues très dénudées, chatoyantes et provocantes de Noha, la plus âgée et son allure « rangée », lorsqu’elle se rend dans sa famille, voilée et le corps soigneusement cachée sous un vêtement très enveloppant. Quelle est la véritable Noha ? Le film fait deviner peu à peu son rêve et comment il s’éloigne sans cesse. Soukaina elle aussi a un rêve, un rêve d’amour romantique qui contraste avec ses danses lascives. Et le rêve de Randa, partir en Europe, se heurte à l’impossibilité d’obtenir un visa. Quant à Hlima, tout juste arrivée de la campagne, sa naïveté et son physique ne lui permettent pas d’égaler ses compagnes et d’espérer s’en sortir.
La plupart des scènes sont tournées en intérieur : ce qu’on y fait, ce qu’on y voit doit rester caché. Et la ville n’apparaît que fugitivement à travers la vitre d’une voiture.
Les clients de ces soirées sont (à une exception près) particulièrement odieux et méprisants pour les prostituées qu’ils traitent comme des objets sexuels. Ils ne craignent pas de les violenter si elles ne correspondent pas à leurs désirs. Les policiers sont corrompus.
Heureusement il y a Saïd, le chauffeur du taxi qu’elles empruntent régulièrement pour se rendre à leurs rendez-vous. A la fois garde du corps, protecteur et confident c’est lui qui les conduira au bord de l’océan, entrant dans la « fiction » proposée par Noha et ouvrant ainsi une brèche dans leur destin par cet élargissement de l’horizon.
Les autorités culturelles marocaines ont très mal accueilli ce film l’accusant de montrer une image négative du pays et de ses femmes. Il y est pour le moment interdit de distribution. Les instances religieuses ont même lancé une fatwa contre le réalisateur et l’actrice principale. Ces réactions donnent raison à Nabil Ayouch qui voulait justement dénoncer l’hypocrisie de cette société niant l’existence de la prostitution et refusant de voir le sort de ces femmes.
Maguy Chailley
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