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Réalisation : Claudel Philippe - Scénario : Philippe Claudel - Image : Denis Lenoir – Montage : Isabelle Devinck - Distribution France : Les Films du Losange
Avec :
Alexi Matthieu (Jimmy), Angelica Sarre (Pris la mère), Pierre Deladonchamps (Duke son compagnon), Patrick d'Assumçao (l'instituteur)
Philippe Claudel (1962, Dombasle/Meuse) agrégé de lettres modernes, romancier (prix Renaudot 2003) enseigne l'écriture scénaristique à l'Institut Européen du Cinéma et de l'Audiovisuel. Il a également enseigné en prison et auprès d'adolescents handicapés. Pour ses débuts de cinéaste, Il y a longtemps que je t'aime (2008, avec Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein) a obtenu le César du meilleur premier film. Une enfance est sa quatrième réalisation après Tous les soleils (2011) et Avant l'hiver (2013).
Résumé :
Dans la ville natale du réalisateur, où industrie et emploi ne sont plus qu'un souvenir, Jimmy, gamin de 13 ans livré à des adultes irresponsables – mère échouée, son compagnon parasite violent – parvient à rester debout et assume tout ce qui se présente : frérot, école, même la mère...
Analyse :
Les films consacrés à des adolescences douloureuses fleurissent ces temps-ci : La tête haute (Emmanuelle Bercot), Une mère (Christine Carrière), Jack (Edward Berger), Le petit homme (Macondo, Sudabeh Mortezai)... Dans Une enfance, ce qui frappe d'abord c'est de voir un enfant privé d'enfance – privé de jeux, privé de rires, privé de sourires – par les responsabilités que l'incurie adulte reverse sur ses épaules. Mais celles de Jimmy sont étonnement robustes : sans jamais ou presque manifester lassitude ni rancœur, il sert à tout dans la maison, il prend en charge son petit frère 'comme une mère', il ramasse Pris effondrée, il tient tête à Duke la brute... et il trouve encore le temps de cajoler un chaton, de sauver un papillon, et peut-être – car il n'en montre rien – de penser à la gentille Lison qui recherche sa compagnie.
On s'indigne bien sûr que rien ne puisse être fait pour empêcher de nuire le couple des 'parents'. Les adultes bienveillants ne manquent pas alentour, cependant : la grand-mère, l'instituteur, le vieux voisin, et ce prof de tennis (Philippe Claudel lui-même tient ce rôle) qui semble au final ouvrir une porte de salut pour le pauvre gamin. Mais sans doute le scénariste et cinéaste a-t-il accumulé tant de misères sur son héros pour en construire l'admirable personnalité. Au point que l'on en vient à s'interroger sur ce qui a pu donner à cet enfant la force mentale et morale qu'on lui voit (et dont les défaillances seront bien pardonnables !) alors que Pris et Duke le font baigner dans la veulerie, la démission, la malhonnêteté – le bref passage du vrai père ne faisant qu'ajouter à l'écœurement.
La réussite de la mise en scène d'Alexi Matthieu dans son rôle difficile aide à rendre supportable ce mélodrame un peu trop appuyé.
Jacques Vercueil
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