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Réalisation : Gitaï Amos – Scénario : A. Gitaï, Marie-José Sanselme - Photo : Eric Gautier - Montage : Yuval Orr, Tahel Sofer - Distribution : Indie Sales Company, Orange Studio
Avec :
Yitzhak Hiskiya (Président de la Commission), Pini Mittelman (Membre de la Commission), Tumer Sisley (Chauffeur de Rabin), Einat Weizman (Avocate de la Commission), Yogev Yefet (l’assassin de Rabit), Ronen Keinan (Avocat de la Commission), Tomer Russo (Directeur de L‘Hôpital), Gdalya Besser (Officier de Police)
A. Gitaï est la figure majeure du Cinéma Israélien. Depuis son premier film, un documentaire de 1995 La Maison (une maison d’origine palestinienne, thème qu’il reprendra en 1998 et en 2006), il n’aura de cesse de mettre le doigt sur les failles politiques, sociales et religieuses de son pays : Devarim (1995), Kadosh (1999), Kippour (2000), Terre Promise (2004), Ana Arabia (2013). Son œuvre est dénuée de toute complaisance envers les pouvoirs en place.
Résumé :
Le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, l’homme des accords d’Oslo et Prix Nobel de la Paix, est assassiné sur la Place des Rois d’Israël, après un long discours contre la violence et pour la paix. Son assassin, Yogel Amir, est un étudiant juif religieux d’extrême droite. Replaçant le drame dans son contexte politique et sociétal, Amos Gitaï mêle images d’archives et reconstitutions fictives.
Analyse :
Un prologue : interview du grand ami politique de Rabin, Shimon Peres, par une journaliste, en fait l’actrice Yaël Abecassis. Pérès rappelle la violence et les injures dont était victime Rabin, mais souligne son courage et sa détermination. Le ton et le style sont donnés. Le générique : la prise de vues en altitude de la Place des Rois d’Israël, plans longs sur une musique comme étirée en une longue phrase en mode mineur (on voit que la place se remplit progressivement). Puis se succèderont quelques autres séquences : la foule en liesse qui écoute les fortes paroles du Premier Ministre ; dans la campagne, non loin de Jérusalem, un groupe de jeunes israéliens installe des piquets, un mur, une maison en préfabriqué ; une manif de la droite israélienne (nous sommes en pleine campagne électorale) où apparaissent des calicots et pancartes.. Plus tard viendra le film de l’attentat, une mauvaise vidéo en plongée sur la voiture de Rabin et l’esplanade, d’où surgit une ombre. Trois coups de feu, des cris, une foule apeurée. A ce moment nous entrons dans la fiction : la caméra suit la voiture officielle qui transporte Rabin, elle arrive à l’hôpital, le chauffeur court dans les couloirs, les urgentistes se précipitent. On tente de ranimer Rabin. Emissions d’actualités, annonce de l’attentat, puis l’information tombe : Rabin est mort de ses blessures. Nous ne savons pas toujours où est le réel et où est la fiction. Cela importe peu : tout est construit avec précision et brio. On va le voir avec les séquences montrant la Commission d’Enquête qui interroge les témoins du drame, et aussi les responsables de la police, des services secrets, un conseiller du Gouvernement, des avocats. Cette recherche de la vérité fait penser à JFK (Oliver Stone, 1991), mais le cinéaste va plus loin : il invente une Commission d’Enquête qui n’a pas existé en Israël. Cette Commission est empêtrée dans une grande contradiction : elle prétend ne s’intéresser qu’aux circonstances de l’assassinat et non aux raisons profondes qui ont conduit l’assassin à son acte monstrueux. Mais le cinéaste, très habilement, fait apporter des éléments d’information sur les milieux juifs intégristes, qui par leurs déclarations ont pu « armer » le bras d’Amir (mais il a « agi seul », les rapports de police le prouvent). Il nous montre les grandes manifestations dirigées par le Likoud (Netanyahou) et le climat insurrectionnel qu’elles induisent. « Ce film traite non seulement de cet événement brutal arrivé il y a 20 ans, mais aussi de cette ombre qui continue de s’étendre sur Israël aujourd’hui » : Amos Gitaï, grand cinéaste militant, libre dans son expression et maître de cinéma.
Alain Le Goanvic
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