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Réalisation : Nichols Jeff - Scénario : Jeff Nichols - Musique : David Wingo - Montage : Julie Monroe - Photo : Adam Stone - Production et distribution : Warner Bros
Avec :
Michael Shannon (Roy), Jaeden Cieberher (Alton), Kirsten Dunst (Sarah), Adam Driver (Paul Sevier)
Jeff Nichols est né en 1978 à Little Rock (Arkansas, USA). Il étudie le cinéma à la North Carolina School of Arts. Il réalise son premier film en 2007 : Shotgun Stories, puis Take Shelter en 2011, Mud en 2012. Pour Midnight Special, il entre dans une grande compagnie, Warner Bros., sans abandonner son équipe technique ni ses acteurs fétiches. On devrait voir son prochain film, Loving, à Cannes en 2016.
Résumé :
Un jeune garçon est enlevé par deux hommes. En réalité, Roy, le père d’Alton et un de ses amis, ont soustrait le petit à la communauté religieuse qui le prend pour un messie car une lumière aveuglante sort de ses yeux. Ils sont poursuivis par la secte mais aussi par le FBI : le film raconte la quête de cet enfant et de ses parents.
Analyse :
La première séquence de Midnight Special est un modèle : en quelques détails – un fusil sur un lit, des regards pleins de non-dits, un poste de télé résonnant dans le silence et annonçant l’enlèvement d’un enfant –, Nichols construit une tension captivante et lie le spectateur aux personnages en un pacte indéfectible. En quelques minutes d’introduction, il tient le public dans le creux de sa main et il fait de son film un creuset à fantasmes dont la portée visuelle est ensorcelante. Après cela, plusieurs genres vont s’interpénétrer : road movie, thriller, anticipation, drame psychologique. Une voiture bifurque sur une bretelle à toute vitesse puis fonce tous phares éteints dans la nuit jusqu’à percuter une autre voiture, une course poursuite avec les policiers dans une voiture roulant sur ses jantes : voilà pour le road movie. Un jeune garçon est enlevé par deux hommes dont l’un est son père et qui seront poursuivis à la fois par le FBI et des membres fous d’une secte ; c’est pour le thriller. L’anticipation, bien entendu, joue un rôle important puisque Alton suscite l’intérêt de tous : considéré comme un messie par la secte à ses trousses, il est vu par le FBI comme une arme à même d’interférer sur les communications des services secrets américains - voir la séquence suffocante des satellites s’écrasant près de la station-service en gerbes de flammes. Nichols s’est largement inspiré de Spielberg et de Rencontres du troisième type. On y retrouve un enfant, un mystérieux rendez-vous à l’aide de coordonnées géodésiques, des lueurs dans le ciel et dans les yeux du jeune garçon. De même, le metteur en scène refuse les effets spéciaux modernes et utilisent ceux en vigueur dans les années 70, comme au temps de Spielberg et cela passe très bien. Mais toute l’énergie du récit consiste à placer l’enfant au cœur du film, à le sonder et peut-être à terme à le comprendre : c’est le côté drame psychologique du film. Le metteur en scène explique qu’il s’est inspiré de sa propre paternité pour façonner le personnage de Roy en particulier quand celui-ci, très jeune, a été très gravement malade. Le cinéaste poursuit ici sa quête introspective, celle d’un homme devenu père et vivant ce nouveau rôle avec beaucoup d’angoisse. Cet être sera-t-il bon, et ses parents capables de dominer leurs peurs afin d’éviter à l’avenir d’exercer sur lui un contrôle néfaste ? Devant ce garçon qui a des pouvoirs surnaturels, le comportement de Roy et Sarah, ses parents, sera d’accepter sa différence, de le soutenir et de le laisser partir pour qu’il puisse se réaliser pleinement et ce message d’amour total vis-à-vis de leur enfant est très poignant. Ce film ne serait pas ce qu’il est sans la présence de Michael Shannon, l’acteur fétiche de Nichols et présent dans tous ses films. Son physique et sa voix crèvent l’écran et donne de la crédibilité à l’ensemble.
Jean Wilkowski
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