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Réalisation : Pedro Almodovar - Scénario : Pedro Almodóvar (d’après trois nouvelles d’Alice Munro) - Photo : Jean-Claude Larrieu - Montage : José Salcedo - Musique : Alberto Iglesias, Chavela Vargas - Distribution : Pathé Distribution
Avec :
Emma Suarez (Julieta aujourd’hui), Adriana Ugarte (Julieta jeune), Daniel Grao (Xoan, ancien amant de Julieta et père d’Antia), Imma Cuesta (Ava, amie sculptrice de Xoan et Julieta), Dario Grandinetti (Lorenzo, amant actuel de Julieta), Michelle Jenner (Beatriz, amie d’enfance d’Antia)
Vingtième film d’Almodóvar, venant après la comédie Les Amants passagers (2013), et La Piel que habito (2011), Les étreintes brisées (2009). Le grand cinéaste espagnol, inégalé, a gagné un public fidèle en France. On se souvient de ses œuvres majeures : Tout sur ma mère, Parle avec elle, La mauvaise éducation, Volver, chacune apportant un éclairage sur les relations familiales et personnelles, les personnages se débattant dans une situation difficile.
Résumé :
La veille de quitter Madrid pour s’installer au Portugal avec son amant Lorenzo, Julieta rencontre dans la rue Beatriz, amie d’enfance de sa fille Antia. Elle apprend ainsi qu’Antia, dont elle n’a plus de nouvelles depuis plus de douze ans, vit en Suisse avec ses trois enfants. Très affectée elle décide de rester à Madrid afin de se confronter avec son passé. Elle écrit à Antia, cette lettre sera le fil rouge du récit.
Analyse :
S’inspirant du genre mélodrame dont Douglas Sirk, le réalisateur américain, était le grand maître, Pedro Almodóvar s’est créé son propre style, adapté à sa culture et à son tempérament. « Filmer des sentiments, des visages et des corps qui les éprouvent et les vivent, et non pas des idées », on ne peut pas mieux dire concernant ses films. Ce sont les femmes qui tiennent le premier rôle (comme chez Sirk) et elles vivent des situations pathétiques. On se souvient de la mère dans Talons aiguilles et aussi celle de Tout sur ma mère. Julieta est la nouvelle créature féminine du réalisateur, femme volontaire, sensible, déterminée. L’actrice, Emma Suarez, est moins connue internationalement que Victoria Abril ou Penelope Cruz – mais elle est très appréciée en Espagne. La Julieta jeune, très belle, dégage une aura bien séduisante. Le cinéaste a insisté sur « le destin inéluctable et le mystère insondable de la culpabilité ». Julieta est assaillie par la douleur de l’abandon par sa fille, mais elle réagit en voulant lui expliquer ce qu’elle « n’avait jamais pu lui dire ». La lettre qu’elle lui écrit est un chant d’amour et une recherche d’authenticité. L’usage de la voix off entraîne une prise de distance qui est un frein à l’émotion du spectateur, mais les couleurs chaudes des images et la musique aux accents romantiques permettent de compenser le manque du délire qui avait tant marqué les films cités plus haut. Certains passages du film ont un côté irréel, même un peu fantastique : le retour dans l’appartement où elle a vécu avec sa fille ; la rencontre dans le train de Xoan, son futur amant ; le cerf qui hante la campagne le long du train et le suicide d’un voyageur qui voulait entrer en relation avec Julieta. Toutes ces séquences sont contenues dans un long flash-back et mobilisent notre attention. Antia reste invisible, mais les paysages de Galice et des Pyrénées apportent un apaisement à la blessure indélébile de la mère. S’il semble que le film n’atteint pas le sommet espéré, il dégage un charme indéniable.
Alain Le Goanvic
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