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Réalisation : Alain Guiraudie – Scénario : Alain Guiraudie – Photographie : Claire Mathon – Montage : Jean-Christophe Hym – Production : Les films du Worso ; producteurs : Sylvie Pialat, Benoît Quainon – Distribution France : Les Films du Losange
Avec :
Damien Bonnard (Léo), India Hair (Marie), Raphaël Thiéry (Jean-Louis), Christian Bouillette (Marcel), Basile Meilleurat (Yoan), Laure Calamy (Mirande), Sébastien Novac (Le producteur)
Né en 1964, Alain Guiraudie réalise à partir de 1990 ses premiers courts métrages. C'est avec deux moyens métrages, Du Soleil pour les gueux(2001) et Ce vieux rêve qui bouge (2003) que la critique découvre son cinéma atypique. Viennent ensuite des longs métrages : Pas de repos pour les braves (2003), Voici venu le temps (2005), Le Roi de l'évasion (2009). En 2013, L'Inconnu du lacobtient le prix de la mise en scène au Festival de Cannes (section « Un certain regard »). En 2016 :Rester vertical a été présenté dans la sélection officielle du Festival de Cannes.
Résumé :
Venant d’on ne sait où, Léo débarque sur le Causse Méjean. Serait-il à la recherche du loup qui terrorise troupeaux et paysans ? Il rencontre Marie, une bergère, avec qui il aura un enfant qu’elle lui abandonnera. Père célibataire, mais aussi scénariste en panne d’inspiration et d’argent, Léo va connaître une trajectoire erratique entre la bergerie de Jean-Louis, le père plutôt rustre de Marie, la masure du vieux Marcel qui s’assourdit à la musique des Pink Floyd, la féérie aquatique du Marais Poitevin où officie Mirande, mi prêtresse mi thérapeute, et la grisaille urbaine de Brest avec les harcèlements téléphoniques du producteur en attente de scénario.
Analyse :
Le film de Guiraudie est littéralement une course de désorientation. On suit les va-et-vient de Léo entre différents lieux sans en saisir la logique. Que cherche-t-il ? De nouvelles aventures amoureuses, avec Yoan rencontré sur la route, qui a une gueule de jeune premier mais se dérobe à toute avance, ou avec Marie dont la nudité rappelle « l’origine du monde » de Courbet ? Un horizon plus sauvage, plus vivifiant, ouvert à la présence du loup ou à toute autre forme de révélation, comme l’expérience de la paternité ? Un éden régénérateur auprès de la fée maternante du Marais, bien loin des contraintes de la réalité ? Ou, au final, la reconnaissance de cette humanité aux corps lourdauds, vieillissants, mais toujours désirants, qu’incarnent Jean-Louis et Marcel (lequel sollicitera Léo pour l’accompagner sexuellement au moment de son suicide) ? Bien que filmé de bout en bout de manière réaliste, avec ses territoires identifiables et ses personnages « plus vrais que nature », Rester verticalrelève d’un onirisme fantastique. Au fur et à mesure de l’itinérance de Léo, les parcours entre les différents espaces s’abolissent. Les univers ainsi que leurs protagonistes se télescopent, donnant lieu à des rencontres improbables, quasi magiques. Il est une scène à cet égard emblématique, celle où, à Brest, Léo avec son enfant dans les bras est agressé par une bande de clochards et sauvé in extremis par l’apparition miraculeuse de Jean-Louis et Yoan. Quant à la séquence finale, elle est résolument fantastique. De retour sur le Causse dans la ferme de Jean-Louis, Léo apparaît transfiguré en prophète barbu faisant face, un agneau dans les bras, au loup enfin visible. « Ne pas avoir peur et rester debout », selon les mots mêmes de Léo à Jean-Louis tandis qu’une meute de loups s’assemble autour d’eux : telle est l’ultime épreuve de ce conte initiatique que nous offre Guiraudie avec un magnifique film fait de chair et de souffle !
Yves Ballanger
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