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Réalisation : Réalisateur et scénariste : Yilmaz Arslan - Images : Jean François Hensgens – Son : Laurent Benaïm – Montage : André Bendocchi-Alves – Musique : Evgueni Galperine – Production : Tarantula – Yilmaz Arslan Filmproduktion.
Avec :
Xewat Gectan (Ibo) – Erdal Celik (Azad) – Nurettin Celik (Semo) – Bulent Buyukasik (Zeki)
Né en Turquie, le réalisateur est parti en Allemagne pour suivre ses études. Il a abordé les problèmes d’immigration avec ses deux précédents films : « Langer Gang » (prix du meilleur premier film au festival de San Sebastian en 1992) et « Yara »(1998). « Frères d’exil » a reçu le Léopard d’Argent au Festival de Locarno en 2005, ainsi qu’une Mention Spéciale du Jury Œcuménique.
Résumé :
Un adolescent kurde, Azad, quitte le pays natal pour rejoindre son grand frère en Allemagne. Ce dernier est en fait un souteneur cynique et violent. Azad s’éloigne de lui et trouve un foyer où dormir. Une association de kurdes immigrés gère la vie de leurs concitoyens exposés aux provocations des Turcs immigrés et aux suspicions de la police. Son boulot de barbier dans les toilettes d’un café lui permet à peine de vivre. Il se lie d’amitié avec Ibo, un orphelin de 9 ans, qu’il va protéger jusqu’au crime d’un jeune turc violeur.
Analyse :
Ce film, disons le tout de suite, montre des situations très violentes, à la limite du supportable. Un homme se fait éventrer dans la rue, et son chien dévore ses boyaux. Le jeune Ibo se fait violer. Le violeur est égorgé… Le réalisateur a voulu « montrer la réalité dans toute son âpreté » et il ajoute : « Je voulais montrer une violence réaliste et non une violence sublimée. Afin de prouver que tuer un être humain est un acte atroce d’une difficulté insurmontable ».
C’est toute la liberté du cinéaste, mais qu’en est-il de nous spectateurs ? Ce genre de film pose justement le problème du message véhiculé par les images et nous invite fortement à réagir !
Sommes nous d’accord par exemple pour dire avec le cinéaste que sa vision est « réaliste » ?
N’aurait-il pas trop forcé le trait pour le besoin de sa démonstration ?
Il y a dans « Frères d’exil », un discours assez évident sur la situation de deux communautés qui s’affrontent sur une terre étrangère, à cause de la haine ancestrale qui les oppose. Le personnage principal, Azad, cherche à s’en sortir par ses propres moyens, en prônant par exemple le pardon, l’amitié, l’amour. Mais son individualisme se heurte à la fois au communautarisme de l’association des Kurdes, qui semble avoir néanmoins une certaine influence (puisqu’elle fait libérer Azad, accusé de meurtre), et à la haine farouche des Turcs, qui pratiquent l’intimidation et la violence. On comprend que le cinéaste s’engage très personnellement en affirmant que « l’individualisme est le dernier rempart contre le diktat des communautés ». Mais le combat d’Azad échoue. Il peut demander pardon pour le meurtre d’un homme, mais il ne peut pardonner à l’homme qui a fait tuer son frère et qui a violé le jeune Ibo, son petit frère adoptif. Le jeune idéaliste voit se refermer sur lui le cercle fatal.
Si le cinéma nous permet « un rapport au collectif et au réel »(Jean Michel Frodon -Les Cahiers du Cinéma) il faut apprendre à prendre la distance raisonnable par rapport aux images pour tenter de comprendre ce monde, notre monde.
Tourné comme une tragédie antique, le film d’Arslan dégage une grande force d’interrogation et de réflexion.
Alain Le Goanvic
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