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Réalisation : Emmanuelle Bercot - Emmanuelle Bercot, co-scénariste Sidse Babbet Knudsen (Irène Frachon), Benoit Magimel (Antoine Le Bihan), Gustave Kervern (l'éditeur Kermarec), Charlotte Laemmel (Patoche), Isabelle de Hertogh (Corinne Zacharia), Eric Toledano (l'expert Servier) Séverine Bosschem d'après le livre d'Irène Frachon - Image, Guillaume Schiffman - Montage, Julien Leloup - Distribution France, Haut et Court
Avec :
Sidse Babbet Knudsen (Irène Frachon), Benoit Magimel (Antoine Le Bihan), Gustave Kervern (l'éditeur Kermarec), Charlotte Laemmel (Patoche), Isabelle de Hertogh (Corinne Zacharia), Eric Toledano (l'expert Servier)
Emmanuelle Bercot, actrice et cinéaste, est née en 1967 à Paris, et étudie à la Fémis. Plusieurs de ses films témoigneront de son intérêt pour la difficulté d'être jeune : Clément (2001), Backstage (2005) puis Mes chères études (2009). Elle co-écrira Polisse où elle joue une policière de protection des mineurs ; elle fait de Catherine Deneuve une juge d'enfants dans La Tête haute (2015). En 2016, elle obtient le Prix d'interprétation à Cannes pour Mon Roi.
Résumé :
Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, soupçonne et fait démontrer un lien entre des morts suspectes et la prise du médicament Mediator, commercialisé depuis 30 ans. Quand les provinciaux auront réussi à se faire entendre, il faudra encore beaucoup d'acharnement à cette femme courageuse pour faire admettre officiellement la responsabilité du grand laboratoire pharmaceutique qui en est le producteur et promoteur.
Analyse :
L'histoire est bien connue, tant fut considérable le retentissement médiatique de ce scandale sanitaire, industriel et administratif. Elle est opportunément remise en mémoire par ce film convaincant qui relate une grande victoire remportée pour les malades et sur des industriels irresponsables. Mais qu'apprend-on vraiment ?
Le dossier est simple - tous pourris ! - mais complexe : on n'y comprend pas grand’chose. Il y a les faits médicaux : la molécule active du Mediator provoque une dégradation sélective de certains tissus, conduisant à un mauvais fonctionnement des valves cardiaques. Il y a le dispositif scientifique : il ne suffit pas de la conviction d'un médecin énergique pour établir une causalité, et la science ne connaît que les preuves et vérifications contradictoires. Il y a le dispositif administratif, sanitaire en l'occurrence, dont les procédures et répartitions de responsabilité sont des garde-fous contre l'arbitraire individuel. L'urgence et les victimes qu'Irène Frachon invoque à tout moment dans son combat n'en sont que si elle a raison, et cela, en dehors d'elle et ses collègues proches, ne sera établi qu'en cours de route. Puis une autre bataille, tout aussi dure, s'engagera pour que s'ensuivent les décisions de politique de santé, puis judiciaires, et les indemnisations : à ce jour, la saga n'est pas complètement aboutie.
Le film parcourt au pas de course, impossible autrement, ces labyrinthes enchevêtrés. Tout entier focalisé sur son héroïne, à la croix huguenote omniprésente, il adopte son point de vue : une conspiration du laboratoire et des instances de santé qui acceptent de sacrifier des vies au bénéfice du profit. Mais le phénomène des lanceurs d'alerte, ingrédient nouveau et nécessaire de la démocratie, soulève des questions importantes ici passées sous silence. Parmi tous les Guillot qui crient au loup, créateurs d'angoisses, il est important de donner raison à ceux dont la critique est fondée, mais il faut mettre en garde contre les illuminés de bonne foi (et les autres !) qui croient bien faire en effrayant sans motif... et semblent avoir un accès facile aux media de masse.
Jacques Vercueil
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