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Réalisateur : Emanuele Crialese ; Photo :Agnès Godard ; Décorateur :Carlos Conti ; Son :Pierre Yves Lavoue ; Montage : Marilyn Monthieux ; Musique :Antonio Castignano ; Producteur : Bernard Bouix.
Avec :
Ewan Mac Gregor, Tilda Swinton, Peter Mullan
Emanuel Crialese est né en 1965. On lui doit : « Once one stranger », qui relate la difficile adaptation à New York de deux étrangers, italien et indien. Et, surtout, « Respiro » (2002), très remarqué, qui évoque l’histoire de la tentative d’émancipation d’une jeune mère. ; « Golden door » a eu le Lion d’argent au récent festival de Venise.
Résumé :
Au début du siècle dernier, du fin fond d’une Sicile en proie aux superstitions et à la misère paysanne, des êtres frustes, mais guidés par l’espérance, et un .. « signe », entreprennent le long voyage transatlantique vers l’Eldorado des Amériques
Analyse :
On pense ici à « América, América » ; on pense aussi à « Exodus » et à « Kedma », d’Amos Gitai : épopées toujours renouvelées, des damnés de la terre, habités par l’espoir. Multitudes livrées à la promiscuité des cales de navires et à la fortune de la mer. Mais « Golden door » a sa spécificité propre : l’évasion vers l’Amérique c’est le signe de Dieu, obstinément recherché par des hommes démunis de tout, (ou presque), en un fabuleux chemin de croix dans la caillasse escarpée de l’île. Dès lors, quoi qu’il arrive, la foi va continuer à les habiter, eux qui ont vu, de leurs yeux vu, l’opulence américaine, figée sur des cartes postales publicitaires jaunies : le signe qu’ils attendaient de leur madone. Le reste, c’est d’abord la traversée, d’une désespérante lenteur, ponctuée de rencontres, habitée de tempêtes sauvages, vécues de l’intérieur, invraisemblable tohu-bohu : tout peut arriver... mais le bateau est « en marche », et avec ce mouvement, le rêve obstiné perdure, ponctué, pendant le repos nocturne, de fleuves de lait, de légumes gigantesques, de monnaies sonnantes et trébuchantes. Bref, un peuple de toutes les croyances, vers le continent de toutes les promesses. Le tout, pimenté de la présence de la passagère « mystère », Lucy (alias Charlotte Gainsbourg), délicieuse créature, dans des atours dont la belle époque nous a laissé l’agréable souvenir. Encore « à l’Est d’Eden », tout est possible il suffit d’y croire. Mais une fois celui-ci atteint, à savoir le service de l’immigration portuaire, c’est une autre paire de manches, et dont l’actualité n’échappera à personne : l’Oncle Sam est généreux dans son accueil, mais il n’accepte pas n’importe qui. Le rapatriement guette le sourd muet, la simple d’esprit. Où il est prouvé que l’aventure, c’est l’attente et qu'il est plus important de partir que d’arriver. Beau sujet que ce film, à l’aune de nos réflexions à propos d’une certaine « terre promise »…
Jacques Agulhon
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