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Réalisation : Mick Jackson - Scénario : David Hare et Deborah Lipstadt, d'après le récit par celle-ci de son procès contre David Irving - Image : Haris Zambarloukos - Montage : Justine Wright - Musique : Howard Shore - Distribution France : SND films
Avec :
Rachel Weisz (Deborah Lipstadt), Timothy Spall (David Irving), Tom Wilkinson (Richard Rampton)
Mick Jackson est un réalisateur et producteur britannique né en 1943 à Aveley près de Londres. Il a surtout travaillé pour la télévision (documentaires et dramatiques) avant de s'installer à Hollywood en 1987. Il a réalisé depuis une demi-douzaine de longs métrages, dont The Bodyguard (1992, avec Kevin Costner et Whitney Houston ), la plus riche collecte de prix et nominations (un ancien des services secrets devient garde du corps d'une star du spectacle).
Résumé :
Deborah Lipstadt, historienne étatsunienne spécialiste de l'Holocauste, se fait assigner en justice pour diffamation par un antisémite britannique qui en nie la réalité, et dont elle a dénoncé les mensonges. Alors que le système judiciaire britannique semble favoriser la tâche du prétendu diffamé, de brillants avocats parviennent à le mettre en déroute.
Analyse :
L'existence du négationnisme et la virulence des néo-nazis et de l'antisémitisme donnent à cette reconstitution d'un vrai procès un arrière-plan mobilisateur, mais ne sont pas des découvertes. Malgré l'importance incontestable de ce sujet, ce sera donc aux à-côtés que l'on portera surtout intérêt, tant le déroulement de l'affaire et son traitement judiciaire sont inattendus.
Deborah Lipstadt, interprétée de façon très convaincante par Rachel Weisz, est d'ailleurs la première à être déroutée par la tournure que prend 'son' procès : elle a beaucoup de mal à accepter de n'en être qu'une spectatrice passive, alors que tout son être se révolte contre les affirmations du provocateur (il faut souligner ici le travail remarquable de Timothy Spall). Le film tourne au panégyrique de l'efficacité du professionnalisme de l'équipe d'avocats, lesquels s'appliquent d'abord à bannir tout débat sur le fond historique et toute contamination par des implications émotionnelles, ce qui est douloureux pour Deborah et pour la communauté dont elle est solidaire. C'est qu'ils tiennent à concentrer toute l'attention du tribunal sur la démonstration du caractère délictueux et surtout délibéré des falsifications opérées par Irving. C'est en effet la sincérité du plaignant qui constitue le nœud de l'intrigue, car elle avérerait la diffamation dont il se prétend victime.
L'envahissement actuel de la sphère publique par les rumeurs, fake news et autres vérités alternatives, est un phénomène odieux et lourd de menaces. Un film tel que celui-ci, tout en montrant avec quelle facilité elles prennent naissance, s'enracinent et se répandent, offre en revanche le réconfort d'un exemple de contre-attaque victorieuse. Mais on reste pantois devant une situation dans laquelle la véracité de faits historiques se voit soumise au jugement d'une autorité judiciaire plutôt que scientifique.
Jacques Vercueil
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