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Réalisation : William Oldroyd - Scénario : William Oldroyd, d’après un roman de l’écrivain russe Nikolaï Leskov : La Lady Macbeth du district de Mtsensk. Scénario : Alice Birch – Sociétés de production : Sixty Six Pictures, IFeatures, BBC Films, Creative England, British Film Institute, Protagonist Pictures - Musique : Dan Jones – Photographie : Ari Wegner – Montage : Nick Emerson
Avec :
Florence Pugh (Katherine), Cosmo Jarvis (Sebastien) Paul Hilton (Alexander) Naomi Ackle (Anna) Christopher Fairbank (Boris)
William Oldroyd est un jeune réalisateur britannique. Il a réalisé auparavant deux courts métrages : Best (2013) et Christ’s Dog (2011). Macbeth, The Young Lady est son premier long-métrage. Le film a été nominé 9 fois et récompensé déjà 6 fois (en particulier aux festivals de San Sebastien, de Sundance, de Thessalonique et de Toronto)
Résumé :
1865. Une vieille demeure au nord de l’Angleterre. C’est là que vit Katherine, la très jeune épouse d’un mari âgé et abject. Corsetée dans une robe à crinoline, cheveux tressés, noués dans un chignon serré, elle se meurt de solitude dans le sinistre manoir dont elle ne sort jamais. Lors d’une brève absence de son mari, Katherine va croiser Sebastien, le palefrenier, et vivre avec lui une aventure passionnée, sauvage aussi : Katherine va se révéler sous un jour inattendu, monstrueux.
Analyse :
Certes, Katherine est une tueuse. Pour autant la référence à Lady Macbeth ne s’impose pas forcément car l’héroïne de Shakespeare est une intrigante folle d’ambition qui pousse son mari à poignarder le roi d’Ecosse dans son sommeil pour pouvoir ensuite monter sur le trône. Elle est rapidement dévorée de culpabilité (les taches de sang qu’elle croit voir sur ses mains) elle bascule dans la folie. Rien de tout cela chez la jeune Katherine du film qui, elle, ne tue pas par ambition et n’éprouve aucun remord. Cependant ce film est bien une tragédie qui vous glace les sangs, de celles qui vous inspirent de la pitié et de l’effroi. Oui, de la compassion tout d’abord pour cette jeune femme humiliée par son détestable mari, lui-même humilié par son propre père. On souffre de la voir, assise bien au milieu du canapé jaune du salon, encagée dans sa robe à crinoline, les mains posées sur les genoux, immobile, seule. La seconde partie du film semblerait apporter un peu d’air frais quand Katherine, dans les bras de Sebastien, découvre brutalement sinon l’amour du moins la passion, folle, animale, sauvage. Mais bien sûr le mari revient (les codes de la tragédies obligent) et surprend sa femme au petit matin après une nuit d’amour. C’est là que l’effroi saisit le spectateur que nous sommes car la jeune femme se transforme sous nos yeux en un monstre froid : elle tue. A la fin de l’histoire, elle aura tué 3 fois, et même abattu froidement un cheval. A cela s’ajoute le mensonge : elle ment avec aplomb, accuse sans état d’âme son amant et sa servante. La tragédie est à son paroxysme : l’héroïne, qui nous inspirait de la compassion, bascule dans l’abjection et devient un objet d’effroi. Un effroi provoqué non pas par le destin qui s’abat sur la protagoniste mais par sa métamorphose en monstre.
Ce film est stupéfiant par la force des images : pas besoin d’explications, on a compris. Ellipses et hors champs intensifient encore le mystère et l’ambiguïté du personnage. Souvent la lumière à elle seule est langage : elle dit l’oppression, la liberté, l’inquiétude aussi. Un film minimaliste en paroles, remarquable par la composition admirable des plans (ce qui est devenu très rare). Un film audacieux et original : à voir.
Françoise Lods
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