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Réalisation : Ruben Ostlund - Scénario : Ruben Östlund - Montage : Ruben Östlund, Jacob Secher – Photo : Fredrik Wenzel – Son : Andreas Franck – Décors : Josefin Asberg – Distribution : BAC Films
Avec :
Claes Bang (Christian), Elisabeth Moss (Ann), Dominic West Julian), Terry Notary (Oleg), Christopher Laesse
Né en 1974, Ruben Ostlund a fait ses études de cinéma à Gothenburg (Suède) et très rapidement il a créé sa société de production. Il cumule les compétences de scénariste, monteur, directeur de la photo. Son premier long-métrage de fiction date de 2004, et en 2008 réalise Happy Sweden à l’humour corrosif. Snow Therapy en 2014 le fait connaître internationalement. The Square a eu la Palme d’Or en 2017, créant la surprise dans le monde cannois, peut-être gêné par le ton politiquement incorrect…
Résumé :
Christian, père divorcé, aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il prépare sa prochaine exposition, intitulée The Square ( le Carré), autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains . Mais victime du vol de son portefeuille et de son portable, il va être confronté à la question du respect de ces valeurs.
Analyse :
L’idée de choisir un carré comme forme artistique pour inciter le public à pratiquer le respect des autres, est le pitch astucieux du cinéaste-scénariste. Forme qui représente la Terre en architecture romane (quatre points cardinaux, quatre saisons), le carré est statique et opposé au chaos, c’est la figure idéale de l’ordre du monde. En tout début du film, il reste à en tirer les conséquences, car ce lieu matérialisé dans la cour de la galerie d’art, est censé permettre d’appliquer les principes des droits de l’homme (égalité, fraternité). La démonstration que ce principe ne peut pas fonctionner prend pour cible Christian, le conservateur (tiens, tiens) du musée. Avec un humour au deuxième degré, le cinéaste va s’ingénier à nous montrer un homme pris dans ses propres contradictions. Deux séquences illustrent le style du film. L’une est drolatique : Christian ayant repéré où se trouvait son portable (dans un immeuble du centre ville) va déposer dans les boîtes une lettre de menace exigeant la restitution des objets volés. L’autre séquence est carrément surréaliste : lors d’un repas officiel donné en l’honneur des donateurs, apparaît un homme-gorille qui grogne et hurle de table en table ! On pourrait se croire dans un film de Buñuel provoquant la bourgeoisie au charme discret ! Christian évolue dans le monde chic et politiquement correct, mais son malaise va s’accentuer avec l’apparition – dans la cage d’escalier de son immeuble- d’un jeune garçon qui vient exiger les excuses de celui qui est la cause de la colère de ses parents, qui ont été à tort soupçonnés de vol ! On apprendra à la fin qu’ils ont fui quelque part.
Comment être cohérent dans sa vie ? Comment appliquer les principes d’attention et d’aide aux déshérités, aux sdf, aux migrants, à ses proches également ? Le film témoigne d’une recherche esthétique, avec de nombreuses plongées (cages d’escalier), une dominante de plans sur des » carrés », quelques plans séquences et une musique mélangeant classique et techno ! Il y a parfois une trop grande insistance, comme la conférence de presse mettant sur le grill Christian accusé d’avoir laissé passer un clip provocateur. Mais le Jury de Cannes a primé l’originalité du propos.
Alain Le Goanvic
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