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Réalisation :Réalisation : Todd Haynes– Scénario : Todd Haynes, Oren Moverman - Images : Edward Lachman - Montage : Jay Rabinowitz - Son : Leslie Shatz, Patrick Rousseau - Décor : Judy Becker – Supervision musicale : Randall Poster, Jim Dunbar - Production : Killer Films, Endgame Entertainment – Distribution : Celluloid Dreams, Diaphana
Avec :
6 acteurs pour « évoquer » Bob Dylan : Cate Blanchett (Jude), Christian Bale (Jack/ le pasteur John), Marcus Carl Franklin (Woody), Richard Gere (Billy), Heath Ledge (Robbie), Ben Wishaw (Arthur) - Charlotte Gainsbourg (Claire, femme de Bob),David Cross (Allen Ginsberg), Bruce Greenwood (Keenan Jones & Pat Garrett), Julianne Moore (Alice Fabian)…
Né en 1961, Todd Haynes est peintre, puis cinéaste amateur (courts métrages). Réalise en 1991 son premier long métrage « Poison »(1991),puis « Safe « (1995) (connu aussi sous le titre « Velvet Goldmine ») avec Julianne Moore, actrice que l’on retrouvera avec le très beau « Loin du Paradis »(2001).
Résumé :
Évocation de la vie du célèbre « folk singer » Bob Dylan, mais en se différenciant nettement du style de la « biopic », qui fait florès dans le cinéma américain (voir le récent « Walk the line »sur Johny Cash). Todd Haynes utilise des éléments réels de sa vie, mais grâce à 6 acteurs différents, il met en scène sept facettes du célèbre chanteur.
Analyse :
Ce film a un côté fascinant. Il est un peu déroutant (peut être ?) dans sa forme chorale, il mélange beaucoup la chronologie, mais le fil rouge, ce sont les belles et, pour certaines, inoubliables chansons des années 60 et 70. Film qu’on pourrait dire « polysémique », ou surtout poétique. Il témoigne d’un point de vue tout à fait personnel du cinéaste. C’est une sorte de rêverie sur la vie d’un homme au destin extraordinaire. Que l’un des personnages se présente sous le nom d’Arthur Rimbaud (Dylan l’a souvent cité), répondant à un interrogatoire de tribunal, ou sous les traits de Billy le Kid (Dylan a joué dans le fameux film de Peckinpah : « Patt Garrett et Billy le Kid »…), et nous avons là une des caractéristiques majeures de la construction… allusive du héros quasi mythique de la jeunesse américaine contestataire. Ne vous attendez donc pas à un récit de sa vie. D’ailleurs, le fait de la connaître risquerait de nuire à la bonne appréciation du film, qui est une sorte de puzzle lyrique.
Le montage est remarquable, mêlant bandes documentaires de télévision, en noir et blanc ou en couleurs, des années de la Guerre du Vietnam ou de la marche des Noirs pour les droits civiques (Martin Luther King ; les Black Panthers). Grâce à la force des images, où fiction et histoire finissent par se fondre et se confondre sous notre regard, nous ressentons plus que nous découvrons ce poète chanteur, qui a traversé une période de l’histoire américaine troublée mais ô combien féconde, en musique, en littérature et en… films.
Alors que Christian Bale représente le côté Jack Kerouac ou Brando, c’est probablement l’actrice Cate Blanchett, qui colle le plus, physiquement ( !) au personnage Dylan. C’est d’ailleurs avec Jude que se situent les temps forts de sa vie publique (par exemple la difficile tournée en Angleterre). Parfois les scènes se déroulent comme dans un film de Fellini (ainsi la séance de cocktail), ou encore de Godard (la rencontre du chanteur avec Claire, sa future femme) ! Tout cela contribue au charme émouvant du film.
Alain Le Goanvic
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