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Réalisation : Denis Villeneuve - Scénaristes : Hampton Fancher et Michael Green – Image : Roger Deakins – Montage : Joe Walker - Distribution France : Sony Pictures Releasing.
Avec :
Ryan Gosling (agent K), Harrison Ford (Rick Deckard), Jared Leto (Niander Wallace), Ana de Armas (Joi), Sylvia Hoeks (Luv lieutenant de Wallace), Robin Wright (Lt. Joshi qui commande à K), Dave Bautista (Sapper Morton le fermier d'asticots), Mackenzie Davis (Mariette), Hiam Abbass (Freysa), Carla Juri (Anna Stelline), Barkhad Abdi (Dr Badger)
Denis Villeneuve, écrivain et cinéaste québecois, est né en 1967 à Trois-Rivières. Ayant débuté à l’Office National du Cinéma (Montréal), il illustre brillamment la politique canadienne de volontarisme culturel au cinéma. Depuis Un 32 août sur terre (1998), on lui doit plusieurs grands films, entre autres Incendies (2010), Prisoners (2013), et plus récemment Premier contact (2016).
Résumé :
Le Blade Runner de Ridley Scott (1982) se situait en 2019, Denis Villeneuve prend la suite une génération plus avant. Le contexte est le même : les réplicants, robots humanoïdes indiscernables de leurs créateurs sauf pour des spécialistes, servent à coloniser des mondes lointains. Mais la tension entre 'esclaves' et maîtres' peut être forte. L'agent KD 6-3,7, un Blade Runner, c'est à dire chasseur de révoltés, reçoit mission d'éliminer les restes d'une opération de 'nettoyage' incomplètement menée trente ans plus tôt. Cela le met sur la piste d'un vieux Blade Runner impliqué dans cet ancien épisode, Rick Deckard, héros du film précédent...
Analyse :
La continuité avec l'original Blade Runner est forte (même scénariste, même Harrison Ford...) et cette nouvelle chasse à l’homme offre une prime à qui a vu la première histoire. Le mystère créé par les indications très succinctes des mandataires à leur exécutant est épaissi par la difficulté à reconnaître un réplicant d'un humain : distinction fondamentale pour la mission de K, incertitude qui génère une méfiance universelle au sein de cette société. Le robot-héros évolue dans un brouillard mental qui répond à la brume visuelle typique du futur selon Blade Runner : atmosphère obscure, saturée de pluie, polluée, irrespirable. Plus que de pouvoirs surhumains, c'est de chance et de discernement que K est doté : dans une immense friche industrielle aux allures de prison de Piranese, il repère une petite grille au ras du sol, d'où il extrait un chiffon poussiéreux qui s'avèrera précieuse clé. Et peu à peu se dessinent des hypothèses dont la lignée dramaturgique remonte à Œdipe, mais K est non-né : comment savoir si ses souvenirs sont authentiques ou implantés ?
Un film de science-fiction nous doit des inventions. Ici, beaucoup sont déjà chez Ridley Scott, dont on retrouve les voitures aéromobiles, mais la mise en scène des réplicants a gagné en variété. L'apparition de Joi se fait par un hologramme hésitant, fragile, mais éblouissant aussi, qui devra fusionner avec un être vraiment charnel pour se rapprocher davantage de K. Elle lui donnera même un nom humain, Joe... Amusantes, certaines constantes intemporelles du futur inventé : Joi cuisine pour Joe, lui se montre galant avec elle.
Dans cette enquête policière baignée des images glauques d'un futur dystopique, les renvois aux soucis de notre temps sont multiples : robotisation qui dépossède, perte d'identité et de références face à des créations trop réussies, nouvelles modalités de procréation... L'incertitude envahit tous les domaines, de l'erreur judiciaire au 'qui suis-je'... Au fil du récit, il devient difficile de ne pas ressentir comme injuste le sort fait aux robots, assimiler la ségrégation qu'ils subissent à celles historiquement connues, lire leur désir de prendre place dans la société des humains comme une image du désir des migrants d'accéder à de nouveaux pays... Si bien que la permanence d'un esprit de révolte, unissant réprouvés et réfractaires pour contester le pouvoir, alimente l'espoir paradoxal de voir les machines imposer aux humains le respect de leurs droits.
Jacques Vercueil
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