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Avec :
Péter Rudolf (Istvan Szentès), Bence Tasnádi (Arpad Szentès), Tamás Szabó Kimmel (Kimmel Janesi), Dora Sztarenki (Kirózsi), Ági Szintes (Mme Kustar) Jozsef Szarvas (M. Kustar), Eszter Nagy-Kalozy (Anne Szentès), Ivan Angelusz (Hermann Samuel) et Marcell Nagy (fils de Hermann Samuel)
Né en 1970, Ferenc Török est un réalisateur, scénariste et producteur hongrois, qui a réalisé de nombreux films dont les plus connus sont Place de Moscou (2001), Saison (2004), Pendant la nuit (2007), Istanbul (2011) et L’île de personne (2014). La Juste route (titre original : 1945) est le premier à être distribué en France. Il a reçu le prix Béla Balazs en 2008.
Résumé :
En août 1945, dans un village hongrois, on s’apprête à célébrer le mariage du fils du notaire tandis que deux juifs orthodoxes arrivent, chargés de lourdes caisses. Le bruit circule que ce sont les héritiers de déportés et que d’autres peuvent revenir réclamer leurs biens.
Analyse :
« Se souvenir est un acte militant » déclare le réalisateur dans une interview. Son film évoque le drame des rescapés des camps qui se heurtent à leur retour chez eux, à l’hostilité d’anciens voisins ayant pris possession de leurs biens. Le film se déroule en Hongrie, mais de semblables horreurs ont eu lieu dans plusieurs pays, tel le pogrom de Kielce (Pologne) où, le 4 juillet 1946, une cinquantaine de juifs ont été massacrés.
Le titre français est moins sec et plus polysémique que le titre original (1945). On peut y lire une allusion aux Justes qui ont sauvé des gens des griffes des nazis. Il évoque aussi et surtout le cheminement têtu de ces deux silhouettes, derrière une carriole menée par un cheval.
Le film entier se déroule dans une unité parfaite de temps (2 ou 3 heures tout au plus) et de lieu (un village du fond de la Hongrie rurale) et joue parfaitement avec les codes du western : l’attente du train dans une gare quasi-déserte, l’arrivée d’étrangers qui suscitent la méfiance des autochtones, le tic-tac des horloges, les ragots qui traversent le village, les secrets qui se font jour. Un long suspense qui fait penser au Train sifflera trois fois.
Il est réalisé dans un superbe noir et blanc qui accentue l’aspect dramatique de l’histoire racontée : « Pour moi, nous dit le réalisateur, cette époque est en noir et blanc. Toutes les photos, toutes les informations étaient ainsi. C’est authentique comme cela. »
On peut regretter que certains éléments annexes, comme celle des rapports compliqués et ambigus des futurs mariés, détournent l’attention des spectateurs de la question de la culpabilité collective et nuisent à la limpidité du propos.
Néanmoins, certains plans larges de la carriole au loin, cette scansion presque insupportable, l’inquiétude habilement distillée durant tout le film (on s’attend à chaque instant au pire) viendront longtemps hanter les spectateurs.
Au-delà de tout effet de suspense, la force du film réside dans le postulat que la victoire ne revient ni à la violence ni à la haine, mais au silence, à la douceur, ironique certes et sans doute méprisante, et à la dignité de ce père et de son fils qui ont tout perdu et qui tiennent à honorer leurs morts.
Nic Diament
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