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Réalisation : Amos Gitaï. Image : Renato Berta. Prod. : MP Productions, Agav Films. Distr. : Mars Distribution.
Avec :
Yaël
Abecassis (Gabi), Uri Ran Klauzner (Ezra), Hanna Laslo (Mali),
Amos Lavie (Hezi)
Le plus important réalisateur israélien. Si Devarim (1995)(Tel-Aviv), Yom Yom (1998) (Haïffa), Kadosh (1999) (Jérusalem), sont des peintures sans complaisance par Amos Gitaï de son pays aujourd'hui, Kippour (2000) est un amer récit autobiographique retraçant la guerre d'Israël contre l'Egypte et la Syrie en 1973. Parmi ses autres films importants, il faut citer Kedma (2002) qui, à travers la narration d'un débarquement d'immigrés juifs d'Europe en 1948, plonge dans les racines historiques des tensions entre les communautés juive et palestinienne. Avec Alila, Amos Gitaï retrouve le Tel-Aviv de maintenant, et la vision désenchantée qu'il en a.
Résumé :
Le procédé est classique : mettre en scène, à travers des récits parallèles, les locataires des appartements d'un même immeuble. Ici l'immeuble, une vieille construction, se trouve dans un quartier populaire de Tel-Aviv. Quant à l'histoire, elle suit deux fils conducteurs majeurs : d'une part les amours bruyantes et illégitimes de Hezi et Gabi, d'autre part la relation entre Ezra et Mali, couple désuni dont le fils, Eyali, vient de déserter l'armée. Mali vit maintenant avec un jeune amant Ilan, tandis que son ex-mari, chassé de chez lui, dort dans une camionnette garée sur le parking devant l'immeuble. Un parking pomme de discorde : en toute illégalité, une autre locataire, hystérique inspectrice de police, y fait bâtir par Ezra une loggia pour agrandir son appartement.
Analyse :
Cette
construction édifiée illicitement sur le terrain
d'autrui, cela rappelle quelque chose, bien sûr : c'est
le propre de ce film d'Amos Gitaï que de solliciter en
permanence l'interprétation. A commencer pour le thème
fédérateur des autres, l'espace, ou plutôt
le manque d'espace : si, au premier degré, celui-ci engendre
promiscuité, absence d'intimité (le sentiment
d'étouffement étant traduit par une caméra
qui toujours bute sur des murs et ne trouve jamais le ciel),
au deuxième il signifie l'absence d'un horizon de vie.
Ou sa disparition, avec pour conséquence l'implosion
des valeurs de référence : amours sans réel
amour, fausse déclaration de vol, construction illégale,
embauche d'ouvriers chinois en situation irrégulière,
désertion, tout concourt ici à donner l'image
d¹une société désenchantée
qui va droit dans le mur.
Aucune issue ? Si, le déluge, semble espérer Amos
GitaÏ dans une dernière et superbe métaphore
: alors que des trombes d'eau s'abattent sur Tel-Aviv et que
l'inondation détruit la loggia illicite, Ezra répare
l'électricité coupée et rend la lumière
à l'immeuble, tandis que Gabi tend son visage vers la
fraîcheur de l'ondée.
Jean Lods
Jean Lods
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