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Avec :
Feodosia Ivanova : Sedna -« Mikhail Aprosimov : Nanouk
Milko Lazarov est né en 1967 en Bulgarie. Diplômé de l’Académie de théâtre de Sofia, il étudie le cinéma et la réalisation. Son premier long-métrage : Aliénation (2012) reçoit le Prix du meilleur film bulgare au Festival de Sofia. Aga, son second film, présenté en sélection officielle de la Berlinale 2018, à la Mostra de Venise, remporte le Grand Prix du festival de Cabourg avant d’entamer la belle tournée des festivals français : La Rochelle, Douarnenez, Montélimar, Auch. Milko Lazarov dit s’être passionné très jeune pour le Grand Nord et ses explorateurs, en particulier pour Roald Amundsen.
Résumé :
Nanouk et Sedna, la cinquantaine, sont un vieux couple inouit. Ils mènent la vie traditionnelle et sereine d’un couple du Grand Nord, tandis que leurs enfants, eux, ont choisi de partir. Chana leur fils s’est établi en ville et Aga, leur fille chérie, travaille depuis plusieurs années dans une mine de diamants, très loin de la yourte familiale. Nanouk est profondément blessé par cette rupture d’un mode de vie ancestral. Mais Selda va doucement l’amener à se mettre en route pour retrouver Aga. Les retrouvailles auront-elles lieu ?
Analyse :
Nanouk et Sedna vivent au nord du nord, quelque part en Sibérie, dans une yourte perdue dans le grand désert blanc de la taïga. Ils perpétuent les tâches séculaires des Inouits : pêcher, chasser, tanner les peaux, confectionner des vêtements, faire à manger. Mais voilà, leur regard est parfois lourd de tristesse parce que Aga, leur fille, manque. Elle est partie depuis plusieurs années travailler très loin de la yourte familiale, à la mine de diamants, et ils ne s’y font pas.
C’est un film sur la disparition. Sur la fin d’un mode de vie ancestral.
Un film contemplatif qui fait place au silence. On y parle peu mais les regards en disent long sur l’amour que se portent Nanouk et Sedna, sur la tristesse de ne pas voir leurs enfants, et pourtant c’est la sérénité qui éclaire leur visage quand le jour baisse. Alors Sedna raconte ses rêves, à mi-voix et Nanouk évoque des souvenirs d’enfance : le grand renne qu’il aimait tellement. Quand Sedna chante doucement une mélopée, Nanouk joint sa voix à la sienne.
C’est un film rare parce que si l’amour de Nanouk et Sedna nous émeut autant, ce n’est pas tant à cause de leur histoire que grâce la force des émotions visuelles que ce film nous offre. C’est grâce à la beauté stupéfiante des images.
La beauté des plans, la beauté de la lumière. Milko Lazarov, dans une sorte de pari minimaliste, a fait de ses plans en extérieur des estampes japonaises, un jeu d’ombres chinoises qui se déplacent lentement dans une lumière très blanche et très douce : un émerveillement pour le spectateur. A l’intérieur de la yourte, il a trouvé des éclairages à la Vermeer et c’est magnifique. La bande son est aussi surprenante que bouleversante : Lazarov a choisi d’accompagner ses personnages tout là-haut au fin fond de la Sibérie de l’adagietto déchirant de la 5e symphonie de Mahler.
Dernier plan : la caméra tournoie au-dessus du gouffre de la mine, un gouffre comme une plaie béante, une blessure sans fond dans une nature violentée. Un film admirable.
Françoise Lods
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