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Avec :
Adel Karam (Toni), Rita Hayek (Shirine), Kamel El Basha (Yasser), Diamand Bou Abboud (Nadine), Camille Salame (Wadjio Wehbe) Christine Choueiri (Manal) Julia Kassar (la juge).
Ziad Doueiri, né à Kinshasa (Congo) en 1963, est un scénariste, réalisateur libanais qui vit entre Beyrouth et Los Angeles. Il a été le cadreur de plusieurs films de Quentin Tarantino avant de réaliser : West Beyrouth (1998), Lila dit ça (2004) et L’attentat (2013). Il a également tourné la série Le baron noir. L’insulte a représenté le Liban aux Oscars 2018.
Résumé :
Dans la capitale libanaise, un garagiste chrétien passablement irascible, Toni, se querelle avec un conducteur de travaux palestinien, Yasser, pour une stupide histoire de gouttière. L’affaire prend peu à peu de l’ampleur devenant une affaire d’Etat qui enflamme une fois de plus deux communautés pleines de rancœur.
Analyse :
Avec pour cadre Beyrouth en reconstruction, ce film généreux s’attache d’abord à décrire les souffrances encore vivaces des habitants que hantent différents épisodes de la guerre civile entre 1975 et 1990. Le comportement de Toni, buté, mutique et vindicatif introduit dès le début une tension qui va aller croissant, comme dans un thriller. Appartenant au clan chrétien maronite, il éprouve un vif ressentiment à l’égard des Palestiniens qu’il concentre sur la personne de Yasser, lequel de son côté défend sans céder d’un pouce sa dignité et son orgueil. Le ton monte, les choses se crispent, la guerre paraît presque déclarée entre les deux camps, tandis que les avocats s’en mêlent. Le tribunal est saisi, ce qui nous vaut de belles scènes d’audience avec témoins, images et documents sur les malheurs du peuple libanais (massacres contre les Palestiniens, exactions contre les chrétiens de Damour etc.), interrogatoires et plaidoiries. Ce film, très pédagogique, reste neutre, comme la juge qui rendra un verdict équitable, satisfaisant finalement les deux parties, après que les griefs auront été énoncés, écoutés, un peu mieux compris et le conflit en quelque sorte purgé. Le scénario, qui comporte des flash-back sur la guerre civile, montre longtemps une situation bloquée, incitant au pessimiste. Mais l’évolution psychologique, subtile, des deux protagonistes, souvent filmés en gros plans, conduit à un apaisement final qui apporte un réel optimisme car il a une portée universelle. Les trois personnages féminins jouent un grand rôle. L’épouse de Toni est la première à se moquer de la mauvaise foi de son mari et Manal encourage Yasser à comprendre son adversaire. Alors que les hommes semblent tous, quel que soit leur camp, prêts à en découdre, trois voix féminines au total (avec celle de la juge) permettent un retour au calme. Toni, en partie guéri, peut s’allonger dans la bananeraie familiale du village martyr de Damour, qui pourra désormais accueillir son bébé, comme le souhaitait Shirine.
Françoise Wilkowski-Dehove
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