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Réalisation : Spike LEE ; Scénario : Russell GEWIRTZ ; Directeur de la photographie : Matthew LIBATIQUE ; Production : UNIVERSAL
Avec :
Denzel Washington (Keith Frazer), Jodie Foster (Madeleine White), Clive Owen (Dalton Russel), Willem Dafoe (Capitaine Darius), Chiwetel Ejiofor (Détective Bill Mitchell), Christopher Plummer (Arthur Case)
Metteur en scène afro-américain, Spike Lee vit à Brooklyn depuis son enfance. Son père est un jazzman. Lee démarre sa carrière cinématographique avec un premier long métrage « Nola Darling n’en fait qu’à sa tête » en 1986 (prix de la jeunesse au Festival de Cannes). Il incarne 20 ans après, un metteur en scène incontournable du cinéma américain. Ses thèmes de prédilection sont liés à l’identité noire aux Etats-Unis, sa lutte contre la WASP (White Anglo Saxon Protestant) qui détient le pouvoir, les illusions du melting pot américain. Son nouveau film est une commande des Studios Universal.
Résumé :
Keith Fraser, détective à la Police de New York commence sa journée par un coup de fil plutôt ordinaire qui nous permet de comprendre que son beau-frère squatte son appartement, que sa compagne voudrait être sa femme, qu’il est soupçonné d’avoir détourné 140 000 $ lors d’une arrestation, alors qu’il est innocent. En parallèle, 4 personnages, revêtus d’une combinaison de peintre, s’engouffrent dans une camionnette. Ils arrivent tout en douceur dans une banque de Manhattan pour la braquer. Les policiers débarquent en force et commencent l’affrontement avec la bande de braqueurs.
Analyse :
L’origine et le genre de ce film sont inhabituels dans la filmographie de Spike Lee. C’est un film commandé par un grand studio hollywoodien, alors qu’il a souvent été en délicatesse avec ce milieu, préférant la côte Est à la côte Ouest. Le genre de ce film est celui des films de braquage dont les codes sont établis : un héros, des coups de feu, un duel méchant/gentil, des coups d’éclat spectaculaires. Bien sûr, ce film remplit le cahier des charges. Mais avec en plus, des coups de pattes bien particulier, celui d’un metteur en scène qui maîtrise son genre et son art.
1ère originalité, l’intrigue de ce film sort de l’affrontement classique d’un duel, pour être transformée en une partie à trois : le flic noir qui représente la justice, la banquier juif et la bande de braqueurs que l’on devine juifs également, l’intermédiaire « WASP » incarnée par Jodie Foster. Ce petit monde construit une intrigue plutôt sophistiquée, pleine de rebondissements.
2ème originalité, la construction du film. La construction du suspense dans les films de braquage est centrale. Or, dans ce film, le suspense réside dans la mise en scène des personnages. Les ressorts dramatiques sont dévoilés par les montages parallèles tout au long du film. Le suspense est désamorcé. Pourtant, la curiosité demeure.
3ème originalité, la dimension politique de ce film, qui intègre sans lourdeur, les thèmes favoris de Spike Lee : l’identité des minorités, particulièrement celle des noirs américains, l’écart entre le mythe du melting pot et un quotidien rongé par le racisme, l’injustice et l’inégalité.
L’image dans ce film est particulièrement frappante : la verticalité des plans. Certes, nous sommes à New York. Tout y est haut, écrasant, imposant. Les plans en plongée ou contre-plongée sont particulièrement maîtrisés. La structure est rigide, le cadre pourrait écraser. Et pourtant. Le foisonnement des personnages donnent une autre dimension au film de braquage. Entre une prostituée albanaise en recherche du rêve américain, un maçon marié à une albanaise, un Sick confondu avec un terroriste arabe, un policier réprimant difficilement ses diatribes racistes, l’arrière plan de ce film est une profusion de personnalités bien marquées. Le cadre de New York, qui pourrait être écrasant, est tissé de petites histoires d’Amériques, qui se déroulent à ses pieds. C’est une des grandes réussites de ce film.
La seconde réussite de ce film est de satisfaire les amateurs de film à l’intrigue policière complexe, qui deviseront encore sur les moments clés du film à la sortie du cinéma. Surtout, ne manquez pas la première minute du film.
Anne-Laure Dumortier
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