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Pawel Pawlikowski, co-scénariste avec Janusz Glowacki - Image, Łukasz Zal - Arrangements musicaux : Marcin Masecki - Montage : Jaroslaw Kaminski - Distribution France : Diaphana Distribution.
Avec :
Joanna Kulig (Zula), Tomasz Kot (Wiktor), Agata Kulesza (Irena) ; Borys Szyc (Kaczmarek) ; Jeanne Balibar (Juliette) ; Cédric Kahn (Michel)
Pawel Pawlikowski, avec son père et sa mère, quitte la Pologne à 14 ans pour l'Angleterre. Il fait ses études à Oxford. Dans les années 1990, il débute une carrière de réalisateur à la BBC sur des films documentaires. Ses débuts suivent la transformation de l'Europe de l'Est et il s'intéresse aux migrations au sein de l’Europe. Ses longs métrages de fiction les plus connus sont La femme du Vème (2011), Ida (2014) Oscar du Meilleur film étranger, et Cold War (2018) Prix de la mise en scène au Festival de Cannes.
Résumé :
Entre une Pologne soviétique et un Paris bohème, une chanteuse et un compositeur vivent, dans les années 50, une passion intense et déchirante, compliquée par les tensions politiques de la guerre froide et l'incompatibilité de leurs caractères.
Analyse :
Film dramatique mais poétique où la musique tient un rôle prépondérant, Cold War est attachant. Il est inspiré par une histoire vraie, celle des parents du réalisateur dont les noms ont été repris pour les personnages principaux : Wiktor et Zula. Le scénario reflète adroitement, dans des séquences entrecoupées d'ellipses sèches qui s'étalent sur une quinzaine d'années, le regard et l'imaginaire de l'enfant unique du couple qui a subi les séparations dramatiques et les folles retrouvailles d'un amour constant, même devant l'impossibilité du vivre ensemble.
Au premier abord, le noir et blanc de l'image ainsi que son cadre resserré rappelle Ida, le dernier film du réalisateur, paru en 2014. Bien que Ryzsard Lenczewski, le précédent directeur de la photographie, ait laissé la place à son collaborateur ?ukasz Zal, la qualité des nuances de gris n'a pas été entamée. Pour Pavel Pawlikowski « Le format académique est très pratique quand on ne dispose pas d’un gros budget pour les décors, parce que le cadre est restreint, on ne montre pas grand-chose du paysage. »
La pression politique a donné son titre au film. Omniprésente, elle n'est pourtant pas le sujet principal : elle sert à éclairer les différences de caractère entre Zula et Wiktor, celle-là s'accommodant du régime, celui-ci rebelle aux contraintes imposées à son art. Elle explique aussi les fuites à l'étranger et les retours à haut risque, oscillations chez Wiktor et Zula entre leur amour intense et le désir de liberté pour l'un, le rêve d'une brillante carrière pour l'autre.
Cependant le lien inaltérable entre les deux personnages, malgré les séparations, est leur amour commun pour la musique. On suit avec beaucoup d'intérêt l'évolution sur une quinzaine d'année des compositions musicales, classiques ou jazzy, omniprésentes dans le film. Leur chanson favorite, Deux cœurs, tirée d'une simple complainte traditionnelle polonaise, devient à Paris, dans un arrangement de Wiktor et une interprétation de Zula, une tendre déclaration renouvelée en forme de blues.
Déjà dans son film Ida le réalisateur avait attribué à la musique une sorte de discours. Dans Cold War, évolutive et contrastée, elle souligne particulièrement la situation d'apatrides de Wiktor et Zula, ballottés entre l'Est et l'Ouest, entre leurs sentiments et leurs aspirations, entre la désillusion et l'espoir.
Nicole Vercueil
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