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Avec :
Jakob Cedergren (Asger Holm), Jessica Dinnage (Iben), Johan Olsen (Michael), Katinka Evers-Jahnsen (Mathilde), Omar Shargawi (Rashid), Jeanette Lindbæk (la responsable de la zone nord du Sjaelland), Jakob Ulrik Lohmann (Bo)
Prix du jury œcuménique Miskolc 2018
Réalisation : Gustav MöllerNé en 1988, Gustav Möller sort de la National film school of Danemark en 2015 avec un court métrage I mørke (Dans le noir, réalisé avec les mêmes co-scénariste et productrice que Den Skyllige). The Guilty est son premier long métrage, abondamment couronné par les prix de la critique au Festival du Film Policier de Beaune, le prix du Public à Sundance, à Rotterdam et au Festival international du film de Transylvanie.
Résumé :
Une femme, victime d’un kidnapping, contacte les urgences de la police. La ligne est coupée brutalement. Pour la retrouver, le policier qui a reçu l’appel ne peut compter que sur son intuition, son imagination et son téléphone.
Analyse :
The Guilty repose sur le huis clos, genre largement rebattu (cf. entre autres, Douze hommes en colère, S. Lumet ou La Corde, A. Hitchcock), mais Gustav Möller use avec virtuosité d’un dispositif qui maintient une tension et un suspense sans faille jusqu’à la toute fin du film. « L’idée, déclare-t-il, était que l’audience inventerait ses propres images du monde extérieur au lieu du film » de telle façon « qu’à la place des poursuites en voiture et des explosions » on se concentre sur « l’état psychologique du personnage ».
Le son devient donc le moteur de la narration. Nous ne voyons sur l’écran que le personnage du flic (incarné de façon remarquable par Jakob Sedergren), l’action ô combien haletante étant constamment hors champ. Le pari était risqué mais parfaitement réussi. En partie grâce à la richesse de la bande son, travaillée par Oscar Skriver : craquements d'un parquet, glissement des roues sur l'asphalte, bruit de moteur, du vent, de la pluie, des essuie-glaces, souffle, voix chuchotées, interrogatives, implorantes, sonneries dans le vide …
Le film offre une parfaite unité de lieu - deux bureaux du centre d’appel d’urgence de Copenhague - d’action et surtout de temps : une course contre la montre, en temps quasi-réel, sans aucun flash back. Le tournage a été réalisé en 13 jours après six mois de préparation ce qui a sans doute contribué à la qualité de la tension narrative du film.
On appréciera les dialogues ciselés, la psychologie juste et précise et surtout la qualité du suspense due à un scenario bétonné jusque dans ses pirouettes. A aucun moment, le spectateur n’en sait plus que le personnage principal, il affronte en même temps que lui les retournements de situation, et finit par s’identifier à un personnage pourtant pas si sympathique que ça au début.
Le thème principal est évidemment l’empathie, une empathie à la fois nécessaire et potentiellement dangereuse et même irresponsable. Le film invite à réfléchir à ce qu’est réellement l’écoute de l’autre, des autres, aux rapports entre l’émotionnel et le rationnel en situation de crise, aux risques des projections et des représentations. Et cela, sans oublier d’être un efficace et brillant thriller.
Nic Diament
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