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Avec :
Kaho (Etsuko), Shôta Sometani (Tetsuo son époux), Masahiro Higashide (Matsuka son patron), Eriko Nakamura (Yoko son amie), Masahiro Higashide (Makabe)
Né en 1955, Kiyoshi Kurosawa commence par réaliser des films de genre (gangsters, érotisme, fantastique). A partir de Cure(1997) il est connu internationalement pour une vingtaine de longs métrages où l'étrange et l'inquiétude sont une constante (Kaïro2001, Tokyo Sonata2008, Shokuzai2012, Avant que nous disparaissions, 2017). Plusieurs de ses films seront présentés à Cannes, où en 2015 Vers l'autre riveobtient le prix de la mise en scène.
Résumé :
Etsuko est ouvrière dans une usine, Tatsuo, son mari, technicien dans un hôpital. Autour d'Etsuko les bizarreries se multiplient - maladresses, égarements, une amie paniquée... — et l'étrange comportement d'un nouveau chirurgien semble en être un facteur commun. Des extra-terrestres se sont infiltrés dans certains humains pour en extraire une collection d'éléments de la psychologie humaine (des "concepts") en préparation pour une invasion anéantissante.
Analyse :
Invasion est un nouvel avatar, comme l'a été Avant que nous disparissions (sorti en France en 2017), de l'adaptation au cinéma de la pièce éponyme (Sanpo suru Shinryakusha/Before we Vanish) de Tomohiro Maekawa, qui a fait l'objet aussi d'une mini-série télévisée japonaise (toujours par Kurosawa). Les points communs avec Avant que nous...sont donc nombreux, et la thématique identique.
« Que ferais-tu si tu savais que la fin du monde est proche ? — Rien de spécial. » Cet échange entre Tatsuo et Etsuko fait écho à l'indifférence de l'Humanité devant la catastrophe écologique en cours. La traduction nous en est faite par les cauchemars de l'une (des déluges de pluie comme nous en observons ces semaines en plusieurs points du globe) et de l'autre (un oiseau mort mazouté).
L'intrigue s'appuie sur les changements de comportement des personnages, et sur la révélation progressive de leur explication inquiétante. L'ambiance d'étrangeté grandissante et le courage d'Etsuko surmontant son désarroi pour sauver son cher mari sont bien rendus ; il est moins facile de crédibiliser sur la durée du film la fiction de ces êtres envahis par des aliens, le chirurgien Makabe (l'allitération en français est une coïncidence), ou la femme de Matsuko. Leurs pouvoirs surhumains s'avèrent malgré tout limités : voyez Makabe ficelé sur un fauteuil roulant, lui qui survit aux tuyaux de pipeline lui tombant sur le crâne ! Mais cela tient pour partie au souci de Kurosawa de rester aussi proche que possible de notre quotidien : pas d'effets spéciaux ; ainsi le doigt 'suceur d'âme' du chirurgien grésille impuissant sur le front de la bonne Etsuko, préservée de ses maléfices par son amour conjugal.
Ces invraisemblances n'ont guère d'importance. Nous assistons à une fable, dans laquelle le décor joue bien son rôle : dès les premiers plans du film, devant la surabondance d'objets qui envahissent l'image on doit chercher l'humain dans un fouillis matériel ; et jusqu'à l'épilogue dans un hangar industriel déserté, où le plastique déchiqueté des rideaux-portes translucides mélange vues directes, reflets et transparences, pour notre égarement. Des 'concepts' (terme maladroit, dans la version française) que l'alien a dérobés : la famille, le passé, le futur, la peur... le plus important est bien sûr le dernier, celui qui lui pose problème : l'amour serait-il donc le garde-fou contre la fin du monde ?
Jacques Vercueil
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