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Avec :
Viola Davis (Veronica), Elizabeh Debicki (Alice), Michelle Rodriguez (Linda), Cynthia Erivo (Belle), Liam Neeson (Harry Rawlings), Colin Farrell (Jack Mulligan), Robert Duvall (Tom Mullligan), Brian Tyree Henry (Jamal Manning), Daniel Kaluuya (Jatemme)
Steve Rodney Mc Queen, né en 1969 à Londres où il étudia, obtint en 1999 pour l'installation Deadpan (Pince-sans-rire, vidéo de 4 min) le Turner Prize décerné par le public à un jeune auteur d'œuvre d'art 'conceptuel'. Il devint célèbre dès son premier long métrage de cinéma Hunger (2008), Caméra d'or à Cannes et BAFTA 2009 (meilleur espoir britannique), et continua avec les œuvres marquantes Shame (2011) et Twelve Years a Slave (2013), Oscar 2014 du meilleur film. Widows est son quatrième long métrage.
Résumé :
Des malfrats massacrés par la police au sortir d'un braquage mal conduit laissent leurs veuves en proie à la furie d'autres voyous, à qui ils devaient beaucoup d'argent provenant d'un réseau de corruption municipale et politicienne. Sous l'aiguillon du besoin et l'impulsion de Véronica, femme du chef défunt Harry et première cible des racketteurs, un gang féminin se constitue pour exploiter un lucratif et bien documenté projet de Harry.
Analyse :
Après avoir traité de sujets d'un grand sérieux socio-politique, Steve Mc Queen semble ici se tourner vers un film de genre au modèle rebattu, le braquage à la Ocean 11 sans même l'originalité de la dimension féministe déjà présente dans Ocean 8... Les veuves manifeste certes la maîtrise technique d'un réalisateur adoubé parmi les grands depuis ses débuts, ainsi que celle de ses complices de toujours, Sean Bobbitt le chef op' et tout particulièrement ici le monteur Joe Walker. Dans cette histoire aux nombreux protagonistes — les quatre femmes du 'coup', les deux voyous à leurs trousses et les deux politicards véreux, sans oublier Harry — c'est un défi pour virtuose que d'assurer intelligibilité à chacun de ces rôles et équitable visibilité à leurs interprètes.
Mais sur le fond, qui croira que Mc Queen ait laissé de côté ses convictions ? Et en effet, au-delà de la critique facile d'un système politico-mafieux mis scène à Chicago pour que tout soit bien clair, le message du cinéaste est double. D'abord, rendre le pouvoir aux femmes : on fait certes leur connaissance, sur l'oreiller ou chez la coiffeuse, en tant que compagnes de 'vrais hommes' et bonnes seulement à plaire et se soumettre ; mais au pied du mur, elles feront plus que se rebiffer, et s'avèreront maîtresses-femmes y compris lors de la confrontation directe aux prétendus maîtres. Le second thème du cinéaste, déjà évident de par la composition de son équipe professionnelle, est celui de la mixité raciale. Le couple Véronica-Harry annonce la couleur (excusez..) dès la scène d'ouverture où, sur la blancheur du drap, le beau visage black de Viola Davis contraste avec la pâle sévérité de celui de son homme ; mais il en est de même dans le gang de Harry et dans celui des veuves ; et si les deux truands noirs ou les deux politicards blancs sont des duos monocolores, c'est qu'il s'agit de frères dans un cas, de père et fils dans l'autre.
Il faut regretter cependant que le scénario se ressente de l'excessive richesse de la série éponyme adaptée ici : tandis que certains mécanismes dramaturgiques restent assez obscurs (ainsi, le retournement qui amorce la dernière partie mériterait d'être mieux compréhensible), bien des nœuds se résolvent avec une facilité qui défie la vraisemblance, comme aussi l'évolution des caractères, plus facile à suivre au fil des heures d'une série télévisée que dans les quelques minutes permises par un long métrage.
Jacques Vercueil
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