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Avec :
Tom Mercier (Yoav), Quentin Dolmaire (Emile), Louise Chevillote (Caroline), Christophe Paou (Raphaël), Uria Hayik (Yaron).
Après Le policier en 2011 - analysant les conflits qui agitent la société israélienne - et L’institutrice en 2014 - portant un regard poétique sur un enfantprodige - films tous deux marqués par une mise en scène puissante, Nadav Lapid, fils de Godard et amoureux de Napoléon, poursuit sa critique radicale d’une société archaïque et bloquée.
Résumé :
Yoav, un jeune Israélien, atterrit à Paris, avec l'espoir que la France et la langue française le sauveront de la folie de son pays.
Analyse :
Comment peut-on être Israélien ?!, s’exclamera le spectateur en écho à Montesquieu. Avec ce 3ème film, Ours d’or au festival de Berlin, le réalisateur met en place un dispositif audacieux qui s’appuie sur un récit inspiré de son propre parcours.Yoav, ancien soldat de Tsahal écoeuré par le bellicisme de son pays, débarque à Paris pourdevenir français. S’étant fait voler ses affaires dans l’appartement vide qu’il squatte, il est secouru par Emile et Caroline, un couple de jeunes bourgeois voisinsqui le sauvent de l’hypothermie, et vont devenir, séduits par lui, ses protecteurs et ses amis. Vivant petitement comme agent de sécurité à l’ambassade israélienne, ce personnage loufoque, - l’excellentTom Mercier, aussi soudainement explosif que réservé- se refuse à parler hébreu et explore les finesses de la langue française avec un dictionnaire de synonymes. A partir de cette rencontre vont se succéder des scènes décalées et des dialogues littéraires, marqués aussi par ce singulier ascendant érotique que Yoav prend parfois sur ses interlocuteurs. Le film, volontiers elliptique, va s'articuler autour de la tentative du jeune homme de se métamorphoser corps et âme en Français cependant qu’il continue à questionner son identité nationale. Ainsi va-t-il souffriren réalisant quesa conception idéalisée de Paris et de la culture françaisene correspond pas au fantasme dont il s’est bercé et qu’il ne parvient pas plus à s’identifier à sa terre d’accueil, -dont le réalisateur ne cherche cependant pas à stigmatiser les dysfonctionnements-, qu’à son pays d’origine.Synonymes est en définitive une manière de conte philosophique, une œuvre dérangeante et parfois irritante, inclassable mais brillante, qui va plus loin qu’un pamphlet visant la politique intérieure et militaire des gouvernements israéliens; avec des séquences d’humour insolite, parfois absurde et surréaliste -comme celle, jubilatoire, montrant une formatrice donnant des cours de civisme aux immigrés souhaitant adopter la nationalité française et leur expliquant le symbolisme du coq !
Jean-Michel Zucker
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