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Avec :
Piolo Pascual (Hook Torollo), Joël Lamangan (President Nirvano Navarra), Shaina Magdayao (Haminilda Rios), Hazel Orencio (Martha Officio), Mara Lopez (Marissa Ventura), Pinky Amador (Jean Hadoro), Joël Saracho (Mailman), Philip Heremans (Mennen Reyes)
Fasciné par André Bazin et reconnu comme « le père idéologique du nouveau cinéma philippin », Lavrente Indico Diaz a grandi sous la dictature de Marcos. La politique et ses dérèglements sont son souci constant. Depuis Evolution of a Filipino Family en 2004, ses films, marqués par leurs rythme lent et la durée de leurs splendides plans fixes,ont obtenu une reconnaissance internationale, notamment à Venise et Locarno. Halte a été retenu à Cannes 2019 par la Quinzaine des réalisateurs.
Résumé :
Nous sommes en 2034, cela fait trois ans que l’Asie du Sud-Est est dans le noir. Par suite d’éruptions volcaniques massives dans la mer de Célèbes, le soleil ne se lève plus. Des épidémies cataclysmiques ont ravagé le continent, tandis que des fous sanguinaires dirigent les pays, et que des millions d’hommes sont morts ou en exil.
Analyse :
Avec ce 13ème long métrage, véritable appel à la lutte, le réalisateur qui pense que le cinéma a le pouvoir de changer les choses, propose un magnifique film d’anticipation intégralement nocturne qu’il veut un cri d’alarme invitant à regarder en face le tournant totalitaire du monde. Pendant quatre heures et demie d'un noir et blanc intense et pluvieux, l’auteur déploie les thèmes qui lui sont chers - la résistance au pouvoir et l'écologie - dans une narration à la mise en scène envoûtante et à l’esthétique minimaliste et radicale, avec de longs plans séquences. Sursaut désespéré d’un peuple en lutte contre un régime totalitaire, et farce grotesque et terrifiante dominée par le personnage ubuesque d’un tyran paranoïaque à la sexualité troublée - synthèse de tous ces cinglés qui nous gouvernent - ce tableau convoque aussi bien la mémoire d’un passé douloureux philippin que le stalinisme, le nazisme et toutes les dérives contemporaines. De structure éclatée, le film oblige le spectateur à rassembler les éléments hétérogènes de la catastrophe climatique et de la dictature policière qui confronte les personnages - les oppresseurs comme les résistants - à leur détresse sans issue - « La mort est le meilleur avenir pour les enfants », dit une femme - . Objectivant la puissance du désespoir il débouche sur un inconnu glaçant et sans issue, une nuit perpétuelle qui nous effraye et nous fascine. Des plans sophistiqués jouent sur les nuances de noir, de gris et de blanc, tandis que les résistants au régime sont d’autant plus voués à évoluer dans l’obscurité qu’ils doivent sans cesse veiller à se tenir hors du regard des drones du pouvoir, dont le rayon lumineux balaye sans cesse le territoire.
Jean-Michel Zucker
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