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Avec :
Lise Leplat Prudhomme (Jeanne d’Arc), Fabrice Lucchini (le roi Charles VII), Annick Laviéville (Madame Jacqueline), Justine Herbez (Marie), Benoit Robail (Mgr Regnault de Chartres), Alain Desjacques (Messire Raoul de Gaucourt), Serge Holvoët (Mgr Patrice Bernard), Julien Manier (Gilles de Rais)
Natif du Nord, Bruno Dumont accumule les prix après son premier long métrage, La vie de Jésus (Prix Jean Vigo 1997). Avec L’humanité, Flandres, Hors Satan, Camille Claudel, il explore de façon à la fois austère et flamboyante le mystère humain tandis que Ma Loute et ses 2 mini-séries télévisées, P’tit Quinquin et Coin-coin et les Z’inhumains, dévoilent une veine comique. Une nouvelle page se tourne avec les deux volets du travail cinématographique d’évocation de Jeanne d’Arc.
Résumé :
En 1429, alors que la Guerre de cent ans fait rage, Jeanne, se sentant investie d’une mission guerrière et spirituelle, délivre la ville d’Orléans et fait couronner le Dauphin. Emprisonnée à Compiègne par les Bourguignons, elle est livrée aux Anglais tandis que s’ouvre à Rouen son procès mené par Pierre Cauchon. Fidèle à sa mission elle refuse de reconnaître les accusations de sorcellerie et est condamnée au bûcher pour hérésie.
Analyse :
Après le très surprenant et très déroutant Jeannette l’enfance de Jeanne d’Arc, le réalisateur nous propose une combinaison d’images et de sons qui soulignent la mission de Jeanne.Si l’on veut bien considérer que l’art ne saurait être la copie de la réalité ou de la vie mais leur transposition, il est difficile de ne pas ressentir la fascination qu’exerce ce neuvième long métrage. Celle-ci repose en effet sur trois piliers : le visage de Lise Leplat Prudhomme, la langue de Charles Péguy, la musique du chanteur Christophe. Le parti-pris de Bruno Dumont est celui de l’épure et de la spiritualité, pas celui du réalisme. Il ne raconte pas une histoire, il fait exploser une lumière. La jeune héroïne de dix ans - trop jeune selon certains mais rappelez-vous que Falconetti et Ingrid Bergman avaient dépassé 35 ans- nous subjugue par sa flamme, son innocence, et sa combativité, mais sa fragilité aussi. Elle se révèle à nous avec autant de force que Jeanne s’est révélée à Dumont dans le texte anti-dogmatique et universel de Péguy dont il a adapté comme en un livret d’opéra les deux dernières parties de sa pièce -Les Batailles et Rouen. Admirateur du Pasolini del’Evangile selon Saint Matthieu l’auteur pense que l’expérience artistique est la source de l’expérience spirituelle et, en réduisant les péripéties du parcours de Jeanne à leur plus simple expression, il exalte l’authenticité de son engagement. Enfin c’est aussi, dit-il, pour tisser « des liens …avec notre présent » qu’il a demandé à Christophe un motif lyrique récurrent et quatre chansons qui contribuent à cette proximité de la transcendance que ne peut manquer de ressentir le spectateur. A cet égard, et dans un langage cinématographique différent, Bruno Dumont rejoint la force et le dépouillement de certains films de Bergman.
Jean-Michel Zucker
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