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Avec :
Film d'animation avec les voix de Thomas Bidegain, Lorenzo Mattotti, Andrea Camilleri, Jean-Claude Carrière, Leila Bekhti...
Lorenzo Mattotti, illustrateur italien, peintre et auteur de BD, est né en 1954 à Brescia et vit à Paris depuis 1998. Il étudia l'architecture, mais a fait carrière dans la BD et l'illustration (nombreux prix et expositions). Côté cinéma, on lui doit l'épisodeBarbe bleue de la série Il était une fois (Valérie Lasseron, 1996) ; les liens entre les trois parties du film Éros (2004, 1h44) par Wong Kar-wai, Steven Soderbergh et Antonioni ; et l'un des segments de Peur(s) du noir (film d'animation à six auteurs, 2008, 1h54). Le documentaire Le triomphe de la couleur (Ludovic Cantais, 2005, 0h26) lui est consacré.
Résumé :
Léonce, roi des Ours qui vivent loin des hommes dans les montagnes reculées de la Sicile, doit retrouver son fils Tonio enlevé pendant une partie de pêche au saumon. Dans ce but, il emmène son peuple au contact des hommes, qui se révèlent des partenaires décevants. Les ours découvrent leurs néfastes désirs, et leur pouvoir contaminant.
Analyse :
Le film s'ouvre sur un fouillis de branches, racines et troncs formant un entrelacs sombre et mystérieux. Peu à peu se devinent deux silhouettes qui pourraient être les Vitalis et Rémi de Sans Famille - un homme mûr et une enfant cheminent, dans le froid de l'hiver, vers leur prochaine étape où donner spectacle : Caltabellota, nous sommes en Sicile intérieure.
Contrastant avec le style de ce démarrage, s'installe alors le graphisme très affirmé des images animées, épures d'une grande simplicité autant dans le dessin que dans la couleur : aplats vifs et contrastés, motifs répétitifs des arbres, des rochers ou des montagnes, des soldats ; les ours monolithiques ne se distinguent pas les uns des autres, à quelques exceptions près. Le caractère fabuleux et symbolique du récit est rendu manifeste par ce dessin ; la musique récurrente, une tarantelle dansante et cliquetante, apporte l'une des rares touches de couleur locale ainsi que, dans une mer de montagnes, la vision fugitive de la cheminée fumante d'un Etna en pâte à modeler.
Le récit fluide est construit sur deux niveaux : le saltimbanque narrateur aux prises avec un ours géant, et l'histoire qu'il lui raconte pour l'amadouer. Il nous fait évoluer de scènes bucoliques, comme la leçon de pêche (Au milieu coule une rivière...), au grand spectacle du mouvement des armées et de la canonnade de boules de neige, ou au personnage bouffon du squelettique magicien (un père Fourras en plus maigre), tandis que les deux méchants de l'histoire se font reconnaître par leur choix d'accoutrements grandiloquents. Ponts entre les deux narrations, la demoiselle Almerina qui porte, en hommage, le prénom de la jeune épouse (en son temps) du vieux Buzzatti - et un autre personnage que je ne peux dire sans divulgâcher.
En conte qui se respecte, celui-ci ne pouvait s'abstenir d'une morale : les méchants seront punis et - ne soyons pas spécistes - il s'en trouve chez les ours comme chez les hommes. Egalement, quand on n'est pas faits pour vivre ensemble, mieux vaut rester chacun chez soi. Peut se voir de sept à 77 ans, et sans doute après.
Jacques Vercueil
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