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Fiche technique :
Réalisation : Hassen Ferhani – Image : Hassen Ferhani – Son : Mohamed Ilyas Guetal, Antoine Morin – Montage : Stéphanie Sicard, Nadia Ben Rachid, Nina Khada, Hassen Ferhani – Distribution : Météore Films.

 

Avec :
Malika, Chawki Amari, Samir Elhakim, les routiers de la Nationale 1.

143 rue du désert

Algérie, France, Qatar, 2019, 100min.

Meilleur réalisateur émergent, Locarno, 2019

Réalisation : Hassen Ferhani

Biographie :

Né en 1984 à Alger, Hassen Ferhani a d’abord mené une carrière d’assistant réalisateur. A partir de 2006, il réalise des courts métrages documentaires sur la ville d’Alger. En 2015, son premier long métrage, Dans ma tête un rond-point, un documentaire consacré aux ouvriers d’un abattoir algérois, est récompensé dans plusieurs festivals. Avec 143 rue du désert, prix du « Meilleur réalisateur émergent » au festival de Locarno 2019, Hassen Ferhani s’affirme comme l’un des documentaristes majeurs du cinéma.

Résumé :

En plein Sahara, au bord de la Nationale 1, une femme, déjà âgée, tient une gargote où elle accueille des routiers et voyageurs pour un moment de pause avec omelette et thé. Elle s’appelle Malika, ce qui, en arabe, veut dire « reine ».

 

Analyse :

Dès le premier plan du film, nous sommes dans la situation du voyageur qui aperçoit au loin une étrange bâtisse et une silhouette qui, cahin-caha, s’y dirige. Puis, brusquement, la caméra nous plonge à l’intérieur de ce relais planté au beau milieu du désert. Nous voilà en présence de Malika, la tenancière du lieu. Là, font halte les passagers de la « Transsaharienne » aux multiples visages : camionneurs fatigués de leur métier, motards « Apaches », pèlerins moralisateurs… et même une Polonaise totalement inattendue ! Assis à la table de Malika, ils échangent avec leur hôtesse quelques bribes de conversation entrecoupées de fréquents silences. Les regards, le plus souvent tournés vers la porte toujours ouverte sur le désert, en disent plus long que les paroles

La gargote est le cadre quasi exclusif du film. La caméra ne quitte pas Malika, filmée, le plus souvent, frontalement et en plans serrés. Un tel dispositif crée peu à peu une complicité entre le cinéaste et son héroïne, à tel point qu’on a parfois l’impression que cette dernière scénarise elle-même certaines scènes, comme celle du « parloir de la prison ». Tout au long du film, Malika dessine son propre personnage entre vérité et fiction. Et, malgré la familiarité qu’instaure la caméra, malgré quelques propos allusifs, nous ne saurons pas grand-chose de cette femme qui se dérobe à toute confidence par trop mélodramatique. Le regard tour à tour désabusé et malicieux, Malika affirme haut et fort son « indépendance ». Elle n’est dupe de personne, encore moins des menteurs qui « ne savent pas mentir ». C’est là la force qui la fait tenir, malgré l’usure du corps, malgré l’ouverture prochaine d’une station-service moderne de l’autre côté de la route. L’une des rares scènes tournées à l’extérieur donne une dimension particulière à la figure de Malika. Au son d’un tambourin et sans aucune présence humaine, la caméra fait le tour de la gargote dans une sorte de transe que l’on pourrait qualifier de « sacrée ». Ne dit-on pas que la maîtresse du lieu est une sainte !

Dans un décor qui n’est pas sans rappeler Bagdad Café, entre road-movie (immobile, la route faisant halte) et western (le Sahara a aussi ses « Indiens »), 143 rue du Désert nous offre le portrait d’une femme tout aussi magique qu’inoubliable.

Yves Ballanger

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