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Réalisation : Réalisation et scénario: Raoul Ruiz ; Photo : Nick Beek-Sanders ; Décors : Rudolf Czettel ; Musique : Jorge Arriagada
Avec :
John Malkovitch (Gustav Klimt) ; Veronica Ferres (Emilie Flöge-Midi) ; Saffron Burrows (Lea de Castro pour Cléo de Mérode) ; Stephen Dillan (le secrétaire d’ambassade) ; Nikolaï Kinski (Egon Schiele).
Raoul Ruiz, Chilien né en 1941, étudie droit et théologie, puis écrit des pièces de théâtre. Léopard d’Or à Locarno pour son premier long métrage, Tres tristes tigres (1969). Militant socialiste, il s’exile en France après la chute d’Allende, jusqu’à son retour au Chili en 2004. Sa vaste filmographie (plus de 80 titres) a exploré tous les genres - grand répertoire littéraire, aventures, témoignage social, analyse psychologique... – et lui a valu plusieurs sélections à Cannes. Avec Klimt, Ruiz retrouve un thème abordé dans L’hypothèse du tableau volé, 1978. Le compositeur Arriagada l’a accompagné dans beaucoup de ses films majeurs.
John Malkovitch, Américain né en1953, d’abord homme de théâtre, apparaît sur grand écran dans La déchirure (Roland Joffé, 1984). Il devient star internationale avec Stephen Frears (Valmont des Liaisons dangereuses, 1988), Manoel de Oliveira (Le couvent, 1995), Wenders et Antonioni (Par delà les nuages, 1995). Avant Klimt, il avait déjà joué pour Ruiz dans le Temps retrouvé (1999) et les Ames fortes (2001).
Gustav Klimt (1862-1918), peintre Viennois, dont l’œuvre reflète ses débuts dans les arts décoratifs. A l’origine du mouvement Sécession, avatar autrichien de l’Art Nouveau, il a voulu fusionner les arts picturaux mineur et majeur. Décrié et admiré en son temps, il a créé une oeuvre originale et fondatrice pour le XX° siècle.
Résumé :
Klimt n’est pas une histoire qui se raconte, mais l’évocation d’un personnage, à travers le retour sur sa vie qui accompagne, en flash back général, ses derniers moments. Il est montré en sommet de carrière, réprouvé à Vienne pour ses extravagances autant que célébré à l’exposition universelle de Paris 1900. Au centre d’un tourbillon de jolies femmes, il évolue dans l’ambiance de révolution artistique qui fermente en Europe et à Vienne, illustrée par les noms fameux de ce milieu – dont seul Egon Schiele, présent à son chevet, prendra consistance. Ses curiosités sentimentales et artistiques s’entrelacent avec ses revers et triomphes professionnels, dans le contexte d’une Autriche-Hongrie en décomposition. Le chatoiement coloré des œuvres de Klimt est rendu par de nombreux effets visuels tout au long de la projection.
Analyse :
Ruiz lui-même admet qu’il faudrait voir son film deux fois pour l’absorber… Ses recherches visuelles – jeux de reflets en miroirs brisés, pluies d’or, de feuilles mortes ou de flocons, imitations du style de Klimt, caméra en manège – réussissent une évocation superbe de l’atmosphère picturale de son anti-héros, dont Malkovitch offre une copie physique étonnamment conforme. Mais il est plus difficile de suivre le personnage, qui erre, absent, parmi de ravissantes nymphes et une profusion un peu pédante d’artistes et intellectuels du moment, poursuivi par un énigmatique secrétaire… Le fil directeur serait l’angoisse de la mort, et peut-être de la folie, que le monde viennois de ce temps alimente aisément – guerre, syphilis – et que les râles du mourant ponctuent lourdement tout au long du flash back. Réalité, apparences, rêves, souvenirs, jeux de doubles, mises en abîme, créent un écheveau inextricable qui nourrit la confusion de Klimt – mais aussi celle des spectateurs, tandis que de nombreuses pistes (l’antisémitisme, l’art chinois, la responsabilité paternelle, les ‘cannibales’…) sont ouvertes puis laissées en friche.
On risque d’en retenir seulement, à la première vision, que Klimt aimait s’entourer de jolies personnes, et que son œuvre a suscité scandale autant qu’admiration – mais il ne faudra pas chercher dans ce film, merveilleusement décoratif, à pénétrer plus avant le mystère de l’artiste.
Jacques Vercueil
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