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DiplĂ´mĂ©e de l’IDHEC en 1988, Mariana Otero rĂ©alise des documentaires: La loi du collège filmant les Ă©lèves d’un collège de banlieue en 1992-93, puis au Portugal Cette tĂ©lĂ©vision est la vĂ´tre (1995-2000) et en 2003 le très Ă©mouvant Histoire d’un secret, celui de sa mère, morte des suites d'un avortement clandestin. Elle s’intĂ©resse ensuite aux ouvrières d’une entreprise en redressement judiciaire - Entre nos mains -, Ă des enfants psychotiques - A ciel ouvert-, enfin au mouvement Nuit debout - L’assemblĂ©e.
Résumé :
Au zĂ©nith d’une brillante carrière de photojournaliste, Gilles Caron disparaĂ®t brutalement au Cambodge en 1970 Ă l’âge de 30 ans. En six ans, il a Ă©tĂ© l’un des grands tĂ©moins de son Ă©poque, couvrant la guerre de Six Jours, Mai 68, le conflit nord-irlandais, la guerre du Vietnam, le drame du Biafra. DĂ©couvrant son travail, la rĂ©alisatrice remarque une photographie qui fait Ă©cho Ă sa propre histoire et se plonge dans les 100.000 clichĂ©s du photo-reporter.
Analyse :
Ce film dĂ©crit une rencontre bouleversante avec un ĂŞtre courageux et passionnĂ©, un de ces ĂŞtres au trajet lumineux Ă propos desquels le poète grec MĂ©nandre Ă©crivait: « L’homme aimĂ© des dieux meurt jeune… ». C’est en feuilletant les dernières pages de sa biographie que la rĂ©alisatrice dĂ©couvre les photos de ses deux filles qui la renvoient aux dessins que sa mère peintre avait faits d’elle et de sa sĹ“ur peu avant sa mort. La famille de Gilles Caron met alors Ă sa dispositionses 100.000 photos numĂ©risĂ©es, dont celle, cĂ©lèbre, qui reprĂ©sente Cohn-Bendit face Ă un policier en 1968, avive son dĂ©sir d’un film destinĂ© Ă dĂ©chiffrer des images permettant de rĂ©vĂ©ler la prĂ©sence de celui qui les a faites, de comprendre son regard, et de revivre avec lui. Dès lors, observant et reclassant les planches-contacts de tous ses reportages pour respecter la chronologie, et se documentant sur chacun des Ă©vĂ©nements et des personnages pris en photo, elle se livre Ă un travail obsessionnel de 6 mois, pour retrouver les cheminements Ă la fois physiques et mentaux de Gilles Caron. Ainsi le film montre-t-il comment celui-ci, autodidacte façonnĂ© par sa culture politique et artistique et ses 22 mois d’AlgĂ©rie, a pu, envoyĂ© dans les lieux de conflit les plus importants du moment, mettre en Ă©videnceavec un tel talent la singularitĂ© des individus, au-delĂ des Ă©vĂ©nements dont ils sont les protagonistes. Pour comprendre cet autre qu’elle n’a pas connu, en se plongeant dans son regard sur le monde, Mariana Otero, Ă travers un rĂ©citqui de sa voix off accompagne tout le documentaire, s’adresse directement au photographe et le tutoie. Elle dĂ©ploie une mise en scène qui fait place Ă son enquĂŞte sur Caron et Ă sa propre subjectivitĂ©. Au grĂ© de celle-ci, elle fait varier les dispositifs narratifs et visuels selon les reportages, et pour se mettre dans ses pas elle se rendra mĂŞme en Irlande du Nord pour rencontrer celles et ceux qu’ila photographiĂ©s. Bouleversant tombeau d’un artiste dĂ©diĂ© Ă un autre artiste, ce film passionnant est une merveille.
Jean-Michel Zucker
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