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Fiche technique :
Réalisation et montage : Juan Solanas - Musique : Paula Moore - Production : Les films du sud - Distribution : Destiny films.

Femmes d’Argentine (Que sea les) - Documentaire

Argentine, 2019, 85min.

Après avoir été directeur de la photographie des films de son père Fernando, il reçoit pour son 1er court métrage L’homme sans tête, le prix du jury à Cannes 2003 puis un César, et en 2005 Nordeste concourt pour la Caméra d’or. Après Uspside down (2012), film romantique de science-fiction, Que sea ley (Que cela soit légal) est ce documentaire militant sorti en salle pour la Journée internationale des femmes.

Résumé :

En Argentine, où l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est interdite, une femme meurt chaque semaine des suites d’un avortement clandestin. Pendant huit semaines, un projet de légalisation, enfin voté par les députés, a été âprement discuté au Sénat, mais aussi dans la rue où des dizaines de milliers de militants ont manifesté pour défendre ce droit fondamental. 

Analyse :

L’Argentine est un pays où 36% de la population et 48% des enfants vivent au-dessous du seuil de pauvreté. En 2018 un collectif de femmes a présenté, pour la septième fois dans ce pays, un projet de loi en faveur de la légalisation de l’IVG, suscitant la formation à la Chambre d’un groupe multipartite décidé à soutenir cette initiative. Après un débat historique de 24 heures, ce groupe réussit à le faire voter le 14 juin par les députés argentins et à l’envoyer au Sénat ; mais le 9 août, par 38 voix contre 31, le Sénat devait rejeter un projet de loi qui divise profondément un pays où l’influence de l’Eglise est prépondérante, tandis qu’au dehors des milliers de femmes agitaient un foulard vert symbolique en scandant «Que cela soit légal». Le réalisateur de ce thriller politique et social, chaleureux et passionnant, sélectionné à Cannes en séance spéciale, n’a pas voulu ‘faire un tract ou un pamphlet’, mais simplement, dit-il, en plongeant au coeur de la lutte des femmes, ‘capter la réalité sans l’altérer’. Au terme d’un parcours de 4.000 kilomètres en voiture pour les rencontrer dans cinq provinces, il dresse un portrait de ces femmes fortes, unies et résilientes, qui se battent pour le droit de disposer de leur corps. Leurs témoignages alternent avec des débats à la Chambre et au Sénat et des entretiens avec des responsables politiques, des prêtres ou des médecins. Leurs paroles évoquent crûment la fréquence du cadre répressif de l’avortement clandestin : brutalité de la police, violence du corps médical, hypocrisie de l’Eglise. De plus, au-delà de la place des femmes et de leurs droits en Argentine et en l’Amérique latine -où les féministes argentines et leur extraordinaire mobilisation ont fait naître l’espoir d’une loi qui légalise enfin l’avortement-, la remise en cause actuelle du droit à l’avortement en Italie, en Espagne ou en Pologne est en revanche un signal inquiétant, à l’heure ou Donald Trump a nommé à la Cour Suprême un juge anti-IVG.

Jean-Michel Zucker

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