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Avec :
Logann Antuofermo (Luc), Oulaya Amamra (Djemila), Louise Chevillotte (Geneviève), Souheila Yacoub (Betsy), André Wilms (le père de Luc).
Philippe Garrel, fils de l’acteur Maurice Garrel, père de l’acteur et réalisateur Louis Garrel et de la comédienne Esther Garrel, réalise des films depuis 1967. Du cinéma d’avant garde de ses débuts il est passé depuis les années 1980 à un cinéma plus classique mais il continue à revendiquer un cinéma indépendant (production artisanale, sujets intimes, souvent autobiographiques). Plusieurs de ses films ont fait l’objet de fiches Pro-Fil. Sélectionné à la Berlinale 2020, celui ci est sorti brièvement en salle en juillet 2020.
Résumé :
Le film raconte les aventures sentimentales de Luc, jeune provincial et fils d’un artisan menuisier qu’il vénère. Monté à Paris passer le concours d’entrée à l’école Boulle en ébénisterie, il rencontre Djemila, jeune Montreuilloise, qu’il abandonne assez lâchement pour suivre Geneviève, un ancien flirt de jeunesse, qu’il finit également par délaisser. Revenu à Paris pour entrer à l’école Boulle il s’éprend de Betsy et vit avec elle et son ami une relation amoureuse à trois. L’annonce de la mort de son père l’anéantit.
Analyse :
Tourné en noir et blanc, comme tous ses films depuis La Jalousie (2013) et avec un petit budget, Philippe Garrel (il revendique son « absence de mégalomanie »), livre ici une nouvelle variation sur un des thèmes qu’il a constamment traité : les différents aspects du sentiment amoureux. On passe ainsi de l’amour filial d’un fils pour son père à l’émoi d’une rencontre, à l’acceptation passive d’un choix dicté par les circonstances et enfin à ce qui ressemble au véritable amour, contrarié par la présence d’un tiers.
Cette « carte du Tendre » moderne est filmée au plus près de ses personnages, la caméra révélant les plus infimes variations de leurs sentiments. Les jeunes acteurs, issus du Conservatoire d’art dramatique où enseigne Garrel, les incarnent avec justesse. André Wilms donne une épaisseur au rôle du père de Luc qui n’est pas sans évoquer Maurice Garrel, le propre père de Philippe, et l’amour qu’ils ont visiblement eu l’un pour l’autre.
Sans être son meilleur film (on peut y voir une vision très masculine si ce n’est machiste des rapports amoureux) on y reconnaît l’art de Philippe Garrel pour peindre les mouvements du sentiment, et le magnifique noir et blanc de Renato Berta, ainsi que la voix off qui par moments raconte la vie de Luc à distance, donnent à l’histoire le caractère intemporel d’une fable morale.
Philippe Raccah
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