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Avec :
Fathia Youssouf (Amy) – Medina El Aidi-Azouni (Angelica) – Esther Gohourou (Coumba) – Ilanah (Jess) – Myriam Hamma (Yasmine) – Maïmouna Gueye (Mariam) – Mbissine Thérèse Diop (la Tante), la première actrice noire révélée par Sembène Ousmane dans La Noire de…
Prix de la meilleure réalisation, Sundance, 2020
Réalisation : Maïmouna Doucouré
Après des études de biologie, Maïmouna Doucouré, née à Paris, se lance dans le cinéma. Elle réalise son premier court métrage, Cache cache, en 2013. Le suivant, Maman(s), obtiendra de nombreuses récompenses dont le Prix international au festival de Sundance 2016, ainsi que le César 2017 du meilleur court métrage en France. Mignonnes est son premier long métrage. Il a reçu le Prix de la meilleure réalisation au festival de Sundance 2020 ainsi que la Mention spéciale du jury international à la Berlinale 2020 (section Génération).
Résumé :
Amy, 11 ans, vit à Paris dans une famille sénégalaise et musulmane. Elle est profondément troublée à l’annonce du retour de son père du Sénégal avec une seconde épouse et elle comprend mal la résignation de sa mère. Dans le même temps, elle découvre un groupe de jeunes filles de son âge qui s’entraînent, en vue d’un concours, à une forme de danse particulièrement suggestive. Fascinée, Amy va tenter de s’introduire dans le groupe qui s’est donné comme nom « Les mignonnes ».
Analyse :
Amy, c’est d’abord un regard, son regard interrogateur devant la porte fermée de la chambre mystérieuse de l’appartement familial, son regard fasciné au spectacle de la danse de la toute jeune Angelica dans la laverie de l’immeuble. Mamaïna Doucouré construit son film à partir de ce regard qu’entrechoque l’alternance des scènes familiales et celles du groupe d’Angelica et de ses copines. Mais Amy ne peut rester spectatrice. Elle-même est prise entre deux regards, celui de sa tante qui voudrait la confiner dans un rôle de future épousée et celui de ses copines apparemment libérées de toute attache familiale. Il lui faut trancher, choisir entre deux costumes, celui pudique de la femme musulmane et celui hypersexualisé de la femme-enfant, quitte à franchir le pas de la transgression. Ce qui lui vaudra une douloureuse séance d’exorcisme menée par la tante, au cours de laquelle elle est plongée dans une transe qui n’est pas sans rappeler les danses suggestives qu’affectionnent « Les Mignonnes ».
Si, malgré quelques longueurs, le film nous touche et nous entraîne au côté d’Amy, c’est qu’il va bien au-delà du simple choc entre deux mondes culturels. Avec Mignonnes, Mamaïna Doucouré dépeint à merveille cet âge indistinct entre enfance et adolescence où une fille de onze ans se trouve brutalement confrontée à des modèles contradictoires de féminité. Et Amy en vient à comprendre que les costumes proposés ne sont que des prêts-à-porter mal ajustés à une enfant en quête de son propre devenir. La scène finale voit Amy retrouver un élan libérateur et son ultime regard face caméra a la couleur des promesses.
Yves Ballanger
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