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Fiche technique :
Réalisation : Joel Coen, co-scénariste avec Ethan Coen - image : Roger Deakins - montage : Roderick Jaynes (alias de Ethan & Joel Coen) et Tricia Cooke - musique : Carter Burwell - distribution France : Bac Films.

Avec :
Billy Bob Thornton (Ed Crane), Frances McDormand (Doris Crane), Michael Badalucco (Frank), James Gandolfini (Big Dave Brewster), Katherine Borowitz (Ann Nirdlinger Brewster), Jon Polito (Creighton Tolliver), Scarlett Johansson (Birdy Abundas).

The Barber: l'homme qui n'était pas là (The Man Who Wasn't There)

Etats-Unis d'Amérique, 2001, 116min.

Réalisation : Joel Coen

Biographie :

Joel Coen, l' aîné (1954), est surtout connu par le duo qu'il forme depuis 1984 avec son frère Ethan en tant que réalisateurs (ils ont signé ensemble 19 films sur 22, mais pas The Barber), scénaristes (30 sur 32 scénarios cosignés, dont The Barber), monteurs (13 sur 14) et producteurs (Ethan plus souvent). Joel (études à l'Institut Film et Télévision de New York) a débuté sur le montage d'Evil Dead de Sam Raimi. Leur premier long métrage, Blood Simple, a reçu le Grand Prix de Sundance, et Barton Fink la Palme d'or à Cannes. Des virtuoses du cinéma, fils d'intellectuels du Middle West (le père économiste universitaire, la mère historienne de l'art).

Résumé :

Années 1950, à Santa Rosa, petite ville de Californie. Un homme raconte son histoire : 'second coiffeur' chez son beau-frère, il tente d'échapper à sa vie de routine. Soupçons, chantage, assassinat ; entre une épouse alcoolique, une jeune joueuse de piano, un avocat funambule et des cigarettes à la chaîne, Ed suit avec indifférence un chemin chaotique vers le cataclysme.

Analyse :

Un film atypique dans la galerie des frères Coen. Alors qu'on leur associe un cinéma brillant, virevoltant sinon acrobatique, où la couleur et le mouvement font un spectacle souvent éblouissant, ici l’esthétique est énergiquement domptée : la photographie en noir et blanc accentue la dimension désespérée de l’intrigue ; des cadrages impressionnants (comme ces violentes plongées vers des personnages minuscules dans le décor), des éclairages expressionnistes (notamment autour du personnage essentiellement immobile du 'héros') construisent un hommage au film noir, mais sans trace de gangsters – tout au plus certaines personnes crapulardes ; et une grande ambiguïté règne dans les relations interpersonnelles, entre Ed et Birdy bien sûr, fille de son ami, mais même entre Ed et Doris son épouse...

C'est le fatalisme qui commande. Certes Ed est capable de rêves : s'enrichir grâce à une affaire de nettoyage à sec que lui propose un médiocre arnaqueur ; permettre à Birdy, jeune fille pianiste amateur, d'accéder à une carrière artistique professionnelle. Ces espoirs de vie meilleure offrent au passage une étrange lecture du rêve américain : la tranquillité d'une petite ville ou la sécurité d'un emploi salarié sont perçues comme des abominations désolantes ; par échelons successifs de transgression, ils conduiront jusqu'à l'absurdité d'un final apocalyptique. On verra les personnages subir, sans autre réaction qu'éventuellement la fuite, l'effondrement de leurs échafaudages. Et pour finir, Ed n'aura pas un mot pour se révolter contre une condamnation qu'il considère comme méritée, bien qu'erronée.

Les interprètes ont une grosse responsabilité dans ce film austère, chiche de mouvements et d'images spectaculaires ; les protagonistes s'en acquittent avec une grande efficacité, aussi bien le hiératique William Robert Thornton (c'est son premier rôle avec les frères Coen ; on le reverra en 2003 dans Bad Santa qu'ils ont produit, et dans Intolérable Cruauté) que la redoutable Frances Mc Dormand (compagne de toujours et actrice fétiche de Joel) et que la 'petite' Scarlett Johansson (âgée alors de 17 ans, elle en était déjà à son dixième rôle !)

Jacques Vercueil

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