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Avec :
Grégoire Colin (Alain) ; Hayk Bakhryan (Edgar) ; Davit Hakobyan (Le directeur de l’aéroport) ; Narine Grigoryan (la journaliste).
Nora Martirosyan, née en 1973 à Erevan, est une plasticienne et réalisatrice arménienne qui vit en France. Elle est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Erevan. À 23 ans, elle quitte l'Arménie, poursuit ses études en beaux-arts à Amsterdam, et à l'école du Fresnoy en France. Elle réalise des courts et moyens métrage et des vidéos. Son premier long métrage, Si le vent tombe, est à la sélection officielle de Cannes 2020 et de l’ACID, (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion).
Résumé :
Auditeur international, Alain Delage débarque dans une petite république auto-proclamée du Caucase, enclavée en Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh, afin d’expertiser la possibilité d’ouverture de son aéroport. Au contact des habitants Alain s’ouvre à un monde nouveau.
Analyse :
Pour bien comprendre l’enjeu de ce film il faut se rappeler l’histoire de cette région. Rattachée à l’Azerbaïdjan en 1921, cette province arménienne revendique son indépendance au moment de la chute de l’Union soviétique, se proclamant république indépendante. Au terme d’une guerre meurtrière de trois ans avec l’Azerbaïdjan, un cessez-le-feu a été signé en 1994 sans aucune reconnaissance du pays. La mise en service de l’aéroport est cruciale pour ses habitants car elle serait le premier pas vers cette reconnaissance. À l’automne 2020, de terribles combats entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont terminés par le redécoupage du Haut-Karabakh et la fuite de la moitié de sa population. Le tournage a eu lieu avant ces évènements et tous les paysages montrés dans le film sont désormais territoires azerbaïdjanais, interdits aux Arméniens.
La réalisatrice nous emmène dans un monde en attente, ubuesque. Tout est prêt, tout le monde est à son poste dans cet aéroport à l’arrêt, du directeur à la femme de ménage. Comme dans Le désert des tartares chacun attend ; attend quoi ? un miracle ? l’intervention de la communauté internationale ? Une attente incarnée par de longues séquences sans paroles. La présence d’Alain suscite beaucoup d’espoir. Au début, technocrate un peu rigide, il s’interroge sur la proximité de la frontière qui empêcherait les avions de faire demi-tour si le vent se lève et soulève un nuage de poussière. Mais où est la véritable frontière ? La ligne de cessez-le-feu très près de là ? Celle sur la carte que lui montre le directeur de l’aéroport, à plus de 50 km ? Au contact de son chauffeur qui l’entraîne avec ses amis et après un déjeuner avec le directeur où celui-ci lui explique, dans un discours émouvant, qu’au-delà de l’existence de l’aéroport il veut préserver la mémoire de son peuple tant de fois sacrifié, on sent la rigidité d’Alain céder doucement.
Cette république qui n’existe pas sur la carte, la réalisatrice montre qu’elle existe dans son humanité ; une humanité déshéritée, privée de ses droits, qui ne vit pas, qui espère. Des paysans pauvres qui mènent leurs vaches brouter sur des terrains arides, une absence d’eau potable qu’un petit garçon, Edgar, distribue chaque jour en échange de quelques billets. On le voit constamment traverser l’aéroport, avec ses deux bidons d’eau au bout des bras, le seul qui n’attend rien.
La réalisatrice a su donner à son film une atmosphère étrange, ponctuée par une musique rare mais sinistre avec un dernier plan illusoire et magique qui semble réaliser les rêves d’avenir d’un peuple qui tente d’exister.
Marie-Jeanne Campana
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